DOSSIERS SECRETS

La N.B.A.
(Nouvelle Bureaucratie Artistique)

LABORATOIRE

Une autre surprise nous attendait devant une grande porte où était sérigraphié ce texte si vilain : " LABORATOIRE DE RECREATION ARTISTIQUE - Centre Secret - Interdit aux plastichiens errants " Sous le digicode on a ajouté une petite affiche rose : " Pour les artistes non-conventionnés, une tenue spéciale est obligatoire, mettez une charlotte ! " Peldûment équipé; je me risquais dans le centre secret. "C'est un vrai laboratoire, mais de quoi ? "

" J'ai compris, ici on produit, sélectionne et affine les idées avant de les remettre dans le circuit sous un nouveau nom.
Je croise de nombreux chercheurs-calculettes, ici on expérimente tous azimuts et par tous les temps.

A peine refroidies les néo-idées sont passées au karscher (a) avant d'être mises à fermenter dans de gigantesques préservatifs où elles finissent de noircir (b). Il y a parfois des accidents dus à la surchauffe (c) mais les équipes spécialisées veillent et recueillent soigneusement les débris idéologiques dans de grands sacs recycleurs.

" Mais enfin, que cherche t'on ?
demandais-je à une tête chercheuse, un produit impensable, la pierre philosophale, de nouvelles armes* D.D.D.P (Dites De Destruction Passive) ou le fil à trancher dans le vif ? "

* armes : L'arme de destruction massive la plus efficace restant, de l'avis de tous les experts, la bêtise.

" Evoque-moi ton projet ? " me répond l'évasif individu.

A ce moment une certaine agitation (de Lyon ?) envahit le laboratoire.
C'est l'heure de la subvention quotidienne, un spectacle très prisé des visiteurs qui aiment à regarder s'entredéchirer quasiment comme des caïmans les allocataires culturels.
Je suis un peu écoeuré, réfugions-nous dans cette petite maison rouge* (little red house).

		* rouge : Car la petite maison bleue reste bien accrochée à la colline.
	" Tiens un workshop d'Octave des Obres, étonnant, non ? "

Les néophytes nagent en pleine propédeutique (et sans brassières).

Frappons de suite (et fort) : " Toc, toc ! " Le maître arrive, il est déguisé comme il se doit d'asile.   " Que faîtes vous là, Octave ? " " Je morkshope Peldugland ! " " Et vous n'avez pas honte ? " " Un peu, mais il faut bien vivre* ! " " C'est exact, je suis quand même un peu déçu ..." * vivre : Il faut bien mourir aussi, mais ce n'est pas une raison pour se tuer de suite.

Octave dirige le workshop de main de maître stipendié
et la tour prend forme et hauteur.