FONDATION GELLIPANE

PROGRAMMATION

 

 

 

" L'APPARITION "
ARTISTE : LA TAUPE
GENRE : underground
EXPOSITIONS n° 17 - 4

.

 

 

 

De La Taupe vous ne verrez que les pieds, discrétion oblige.

 

Ce " La Taupe " personne n'en avait jamais entendu parler, on murmurait cependant à voix basse (il fallait donc bien tendre l'oreille) qu'il aurait pu être agent secret.
Mais agent de qui ?
De quoi ? Pour qui ? Pourquoi ?

" Taupe secret en quelque sorte ! " ironisa Peldugland.
On demanda à notre directeur de plus amples informations :
" Monsieur Mordicus, pour l'exposition qu'est-ce qu'on fait ? "
Le directeur mit son doigt sur sa bouche pour nous signifier de la boucler, puis il nous montra les cimaises d'un air soupçonneux :
" Il y a peut-être des micros ... " murmura t'il.

 

Curieux,
ceci ne vous regarde pas !


Il y avait bien des caméras de surveillance mais elles ne marchaient plus depuis longtemps.
Comme l'espionnite rêgne toujours dans ce milieu, on ne s'étonna pas.
Les jours suivants furent bien remplis par l'installation sur le plancher de capteurs sans cibles (pardon, sensibles), sortes de grosses ventouses colorées et ronflantes.

Les volumineux capteurs, genre sismographe.

Après on attendit longtemps, très longtemps.
Des " écouteurs " se relayaient aux différents postes, l'oreille bien ouverte.
Bien propre, ce n'est pas notre problème.

Les écouteurs en plein travail.

Un jour, puis deux, trois, quatre, cinq : toujours rien.
Enfin à l'aube du sixième jour, une vague rumeur parvint jusqu'au bout du fil tandis que très léger frémissement (sorte de chair de poule magnétique) animait nos capteurs.
Quelque chose approchait, tout le monde avait peur sauf le directeur (c'est normal).
Quittons un instant le monde climatisé aux aveuglants halogènes pour celui des ténèbres, beaucoup plus reposant.
Pas pour tout le monde.

" Il y en a qui travaillent ! " râlait La Taupe, la bouche pleine de terre et les mains en sang.
Heureusement il approchait du but, la surface, la lumière, la fraîcheur ...

Bien que pratiquement aveugle, La Taupe ne se perdait jamais ; enfin jamais complètement car il possèdait le fameux sixième sens*.

* sixième sens : Sens unique dans son genre, après le premier de la classe, le second souffle, le troisième oeil, les quatre points sardinaux*, le cinquième élément et avant les sept mercenaires.

* sardinaux : Points que l'on observe sur certains clupéidés à la fin de l'automne.

Les bruits (du genre grincements)
gagnaient en intensité.

 

Alerte, " on " n'était plus très loin.
En fait La Taupe se trouvait déjà sous le plancher de la Fondation.
Faire sauter encore une ou deux lattes récalcitrantes et le petit nez hérissé de La Taupe pointait à travers le plancher disjoint*.

* disjoint : A douze on ne comprend plus rien.

Un cri de joie
salua l'artistique apparition.

 

Hélas, complètement affolée par la trop forte lumière, les cris des filles, les nombreux flashs et les incessants bravos, La Taupe était retournée à ses ténèbres chéries et complices.
On restait tous comme des cons devant le petit trou.
" C'est toujours émouvant l'apparition d'un nouvel artiste. " souligna sentencieusement Guy Mollet, troublé.
La disparition aussi.
Personne ne comprit très bien le sens de cette manifestation : cependant à la Fondation Gellipane on ne pose jamais de questions, par principe et pour gagner du temps.


La Taupe vous salue bien.
Par en dessous, avec ses mains terreuses.

 

 

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