|  |   " Ce Bernard Dinguaud c'est 
        un nouveau messie ! " exultait le directeur en comptant l'abondante 
        recette de la veille. " Dignaud !!! " marmonna Octave des Obres toujours aussi mal luné.
 Un sifflement continu suivi d'un souffle chaud et hyperpuissant fit s'envoler 
        les billets de dessus le burau.
 Le directeur se précipita à la fenêtre ouverte pour voir ce qui se passait.
 Un gigantesque hélicoptère tout plaqué or se posait devant la Fondation 
        Gellipane au beau milieu de la pelouse repeinte.
 
 " Ah voila des clients intéressants 
        ! " se réjouit notre dirigeant dont l'instinct commercial ne connaissait 
        pas le repos. " Pétrolifiques en quelque sorte. " ajouta Peldugland, le cynique 
        de service.
 L'appareil clignote un moment en ralentissant ses gigantesques pales, 
        aux alentours tout est arraché et vole comme dans la pire des tornades.
 
 Une trappe 
        s'ouvre enfin au flanc du monstre à rotors.  Un homme très chic en descend, 
        s'approche et nous tient à peu près ce langage : " Mon maître veut acheter des choses qui n'existent pas encore car 
        le reste il l'a déjà, en plein d'exemplaires.
 Et sans descendre de l'hélicoptère, bien sûr. "
 All right sir !
 On réenroula vite l'inutile tapis rouge le temps de trouver une organisation.
 La consigne directoriale était claire :
  " Tout doit 
        disparaître ".  
 C'était finalement assez simple, 
        il suffisait que les " choses " soient bien emballées, avec ce qu'il faut 
        de nylon-bulle pour être crédible.Et donc considéré comme Guillaume Tell.
 
 
        
          | On allait 
            ensuite les déposer dans l'énorme soute avec déférence, placé devant 
            l'entrée, le directeur additionnait sur son petit carnet. C'était bien fastidieux, il y avait des pastilles rouges de partout, 
            Peldugland demande en désignant les cabinets :
 
 |  | " Vends guogues aussi 
              ? " Pas de réponse, tout le monde est trop occupé.
 " 
              Cézanne, ouvre-toi ! "  |  Dire que nous n'en avons pas profité serait un doux euphémisme.
   " Bien le 
        boujour chez vous ! "  Moins d'une heure plus tard, 
        le vide était fait, le plein aussi, l'hélicoptère repartit lourdement 
        chargé vers les Champs-Elysées. Par un des hublots une main nous faisait de petits signes, c'était Bernard 
        Dignaud qui s'envolait vers la gloire et la fortune.
 Il ne fut bientôt plus qu'un petit point doré et ascendant dans l'azur 
        immense.
 " Qui aurait pensé ça d'un pareil bouffon ? " se demandait encore 
        Octave des Obres.
 Guy Molet, les yeux au ciel, commenta simplement :
 " Les génies comme lui ont un destin hors du commun des mortels. 
        "
 C'est noté.
 
 L'élévation. 
          Le directeur souffla en s'essuyant 
        le front : " Pfffui, ils ont TOUT acheté ... L'ensemble, la Fondation, ses fondations, 
        la collection, les cimaises, les clous, les vis, l'abri-bus et même Paul 
        le gardien qu'il trouve aussi exotique qu'un carré de choux, pardon Paul, 
        qu'un caoutchouc.
 Et vous aussi Miss Clitorini, j'en suis sincèrement désolé, une si bonne 
        ... collaboratrice. "
 " Mais je ne suis pas une marchandise ! " protestait la nouvelle 
        acquisition.
 " Vous savez Miss de nos jours il n'y a vraiment pas de honte à être 
        une marchandise, c'est même une chance incroyable. " conclut sereinement 
        le directeur en s'éventant avec le chèque.
 Ce sera notre moralité mensuelle.
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