FONDATION GELLIPANE

PROGRAMMATION

 

 

 

" MAUDITE SYMETRIE "
ARTISTE : ASSI METRI SINGH
GENRE : binaire
EXPOSITION n° 59

.

 

 

 

La fondation Gellipane étend son réseau et tisse maintenant sa toile sur toute la planète ; elle est donc fière d'annoncer la venue d'un maître du sous-continent, tout droit issu de la grande tradition de la science indienne, Assi Métri Singh.

L'exposition bien alignée.

Issu d'un milieu modeste, Assi Métri fit ses études primaires à l'école en plein air de son village natal où son instituteur remarqua son intelligence précoce en même temps qu'un évident problème de myopie.
Le forgeron lui confectionna donc des lunettes de fortune mais celles-ci mal conçues ne firent qu'aggraver le disfonctionnement optique.
Les bandes de métal posées devant ses yeux grands ouverts sur le monde furent à l'origine d'un défaut de vision bien particulier, la réalité environnante se présentant en bandes fines et allongées de haut en bas et alternativement sombres ou lumineuses.
Chez Assi Métri, ce qui n'est pas noir est blanc et inversement.

Au bout d'un moment, le flou vous envahit.

Cette originalité forcée aurait pu faire son malheur, elle fit sa fortune comme c'est quelquefois le cas.
Elle lui ouvrit toutes grandes les portes des musées du monde entier qu'il se hâta de coincer avec des cales avant qu'elles ne se referment.

Assi Métri Singh avec ses deux filles-guides.

Depuis il est riche, célèbre et respecté ce qui n'est que justice car il a vraiment beaucoup souffert et qu'il souffre encore parfois en se cognant dans les portes ; c'est pourquoi il est venu accompagné de deux de ses filles Grapho et Hydro Métri qui le guident dans cet univers en perpétuelle et mouvante opposition chromatique.
Nous aussi nous avons souffert car cette exposition fait vraiment mal aux yeux.

Une nouvelle surprenante se répandit comme une traînée de poudre blanche :
la Fondation Gellipane aurait acheté une oeuvre.

L'acquisition

Pour une fois qu'on achète quelque chose ça fait des tas d'histoires.
Quand, combien, de qui et pourquoi pas moi ?
Ces insidieuses questions volaient bas entre les cimaises.
D'habitude les artistes exposés faisaient don* de leurs oeuvres pour notre précieuse collection.

* don : Bon gré, mal gré car nos médiateurs " maisons " savent les convaincre avec leurs frappants arguments.

Double quatuor de médiateurs assermentés.

 

Les bons et les méchants, on les utilise en alternance.


Pourquoi ce changement de stratégie (en effet, on ne change pas une équipe qui gagne de l'argent) ?
L'explication est dans les chiffres ; pour comprendre il suffit de savoir faire une addition et d'avoir un peu de bon sens : moins vous donnez d'argent pour acheter une chose, plus vous gagnerez en la revendant, c'est la fameuse marge.
Et la marge ça nous connaît !
Avec Assi Métri Singh il fallut négocier car il n'est pas de ceux qu'on intimide facilement.
Il avait sa petite idée mondialiste qu'il nous exposa anglaisement :
" We have the people and you have the money so we give you people for working and you give us the money for developpement ! "
" Personnel ? " ironisa Peldugland mais on ne lui demandait pas son avis car il ne rapportait pas un rond.

" We have the people, we have the world ... "

L'affaire fût conclue et l'indien téléphona de suite d'incompréhensibles instructions.
Sur place, Ganesh s'occupa de tout à grands coups de trompe et 72 heures plus tard la commande était arrivée à bon port Rambaud*.

* Rambaud : Bine de son prénom, il n'écrivait jamais de poésies et méprisait les bateaux ivres leur préférant les péniches ventrues.

" Qu'est-ce que j'aime le commerce équitable ! " s'exclama le drecteur en ouvrant le premier conteneur empli à ras-bord de peintures symétriques bicolores.

De quelques oeuvres strabiscopiques.

Tout le monde s'y était mis, surtout les enfants qui préféraient faire ça que de façonner des briques.

Car on peut travailler à l'ombre et même rigoler un peu.

C'est maintenant tout un district du Mardladesh (prononcer : de la dèche) qui se consacre à leur fabrication, elles sèchent par centaines sur les manguiers où quelquefois une vache sacrée vient les brouter.
Quand à brouter une vache sacrée, c'est évidemment interdit (sans son autorisation).
Le fakir qui accompagnait le chargement nous remit une liasse de documents officiels tamponnés.
" For fiscality ! " expliquait l'homme nu en clignant des yeux à cause de la brusque luminosité.
Il louchait terriblement.
" C'est pour les impôts. " expliqua Octave des Obres.
" Quels impôts ? " demanda le directeur étonné en jetant les administratifs papiers dans l'eau verte que le gasoil irise en permanence.
Signe évident de l'assimétriquien succès, c'est maintenant en occident qu'on les imite.

Avec notre sensibilité si particulière (et notre raffinement ? ).

 

 
Pour revenir à la page d'accueil
...Exposition
précédente
Exposition
suivante...