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Promenade halieutique
En hommage aux
poissons d'eau douce, à la biodiversité
mais aussi pour faire pardonner nos sournois leurres et pièges, nous avons
voulu présenter, à défaut d'inutiles excuses, un petit panorama de la
faune aquatique de nos rivières.
- Les poissons
de fond
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Ils aiment
la vase, que voulez-vous, c'est comme ça, dans leur nature peu délicate.
A gauche,
un silure encore endormi se frise les moustaches, la brème se détourne
de ce vieux beau.
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- Les poissons
plats
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Peu consistants,
on peut cependant poser des choses dessus.
On les classe
en deux catégories, ceux qui remontent le courant et ceux qui le
descendent, ils se mettent alors sur le flanc, ou la tranche en
faisant profil bas.
Mais jamais le ventre en l'air, ruse grossière pour faire croire
qu'on est crevé.
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- Les poissons
pas-nés
| Ce sont de
bien étranges créatures, ils deviendront plus tard rectangulaires
et se couvriront de croûtes ; répugnants mais délicieux. |
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- Couple de
poissons changeurs
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Très portés
sur la chose les poissons changeurs ne songent qu'à s'accoupler, pour
se faire (et se les faire) ils adoptent l'allure, la taille, la silhouette
et jusqu'au sexe des poissons (ou poissonnes) convoités.
Ils (ou elles) déposent alors vite fait leur ersatz de lactance et
leurs d'oeufs de pacotille avant d'être confondus, pour de vrai cette
fois.
Et d'être chassés de la rivière, sans retour possible.
Ils refusent cependant qu'on les nomme poissons-échangeurs pour ne
pas être confondus avec les bipèdes de l'air libre. |
La lutte pour
la vie est rude sous la surface brillante.
Les plus gros mangent les plus petits et ainsi de suite jusqu'aux algues
microscopiques ; dans l'eau rien ne se perd d'où l'importance de l'invisibilité,
de la discrétion, du camouflage et pourquoi pas, de la mystification pure
et simple.
Exemples de stratégies
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Le poisson-grappe
dit aussi
" lichette ", on en fait de bons jus. |
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Le poisson-sac en plastique,
exellente imitation, il est de plus en plus abondant.
" C'est bon signe
! " affirme le professeur Lazare Goujon du T.N.P (Tendance Nationale
Piscicole).
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Le poisson-poisson,
produit fini de la course'évolutive, ce petit cyprinidé essaie juste
de se faire passer pour un poisson, ce qui décourage les éventuels
prédateurs qui s'en voudraient d'avaler un animal aussi stupide |
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Les savants s'interrogent
sur l'utilité de cette étrange adaptation, plus que du simple mimétisme,
un vrai conformisme.
Demandons son avis aux dents de la rivière, monsieur Brochet :
" Personnellement je n'en mange pas, ils sont trop cons ... "
Sage précaution car la
connerie (comme le plomb, l'aluminium et le reste) se concentre
et s'accumule le long de la chaîne alimentaire.
C'est malheureusement scientifique.
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Le poisson-pilote
(de course), cet astucieux vairon a compris que la vitesse était sa
principale (et même son unique) chance de survie, il fonce comme un
fou sur les galets ronds en priant pour qu'il n'y ait pas d'obstacles,
sinon il fait une queue de poisson.
Il connaîtra fatalement l'inévitable panne des sens mais il aura bien
vécu.
Vite. |
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- Une spéciale dédicace
au " tunarre " alias poisson-chanteur.
Il vocalise silencieusement
depuis des millions d'années.
Sans gêner personne.
Ce spécimen articule, une certitude acquise après des mois d'observation
scrupuleuse en respirant avec des joncs :
" C'est pour ça que je t'ai-ai-aime ... "
En boucle, alors on l'a baptisé Mike.
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Quand sa muette
parade donne enfin un résultat, tous les douze ans en moyenne (de
l'intérêt de vivre longtemps), le tunarre entraîne sa poissonne subjugée
dans une caverne inondée où ils préliminent buccalement si intensément
qu'ils en rougissent.
Après on ne sait plus ce qui se passe. |
- Dans tout bestiaire
on trouvera des créatures mythologiques, des êtres extraordinaires dont
on parle souvent et qu'on ne voit jamais.
J'ai choisi les silure albinos, être fantômatique dépigmenté que j'ai
pu longtemps regarder (sans vraiment en croire mes yeux mouillés) le lendemain
du décès de ma mère.
Blanchâtre avec quelques traces orangées il ondulait avec lenteur, siluriquement.
De mémoire
- Concluons cette
passionnante étude par, à tout seigneur, tout honneur, les espèces nobles.
Comme leur nom l'indique assez, ces poissons aristocratiques ne se prennent
pas pour n'importe qui.
Soucieux de ne pas frayer avec les autres, ils restent strictement entre
eux pour faire des bulles et, plus rarement, des bals costumés aquatiques.
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Ici Mademoiselle
Filet de Perche*-Dulac et le petit Omble Chevalier à la triste figure
exécutent un pas de deux nageoires, puis il l'embrasse coulée, sans
un remous.
A droite, Dame Truite de Chouberre s'en frotte rageusement les ouies.
La frétillante future Ablette de Friture (née Guinguette de Bordesaune)
s'ennuie un peu à regarder les nénuphars.
Alors elle gobe ... Et c'est trop tard ... Elle est au menu fretin.
* Perche
: Et non pas Filet de Pêche comme on le fait trop souvent.
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-" Et les poissons
rouges ? " me demande mon neveu en fixant le bocal.
N'oublions pas cet intéressant phénomène rubicond qui a force de tourner
en rond a vu sa forme évoluer jusqu'à une quasi parfaite circularité.
| Une preuve
écarlate de l'importance et de l'influence de l'environnement pour
le sujet qui y est plongé. |
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... dans la
rivière, dans la prairie, dans
la campagne.
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