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C’était la campagne, la « douce
France » avec la petite rivière dans la prairie*, le petit moulin et ses
coins de pêche ombragés et tout autour des champs mignons et des prés
à peu près carrés.
Derrière les clôtures se reposaient, voluptueuses et rondes, les vaches
sacrées, elles ruminaient interminablement dans une lente et longue jouissance
qu’il pensait être le comble du bonheur, ou son image.
* Prairie : les américains
mettent la petite maison dans la prairie car ils ont plus de place.
Les vaches sacrées
Ce nirvana herbeux et paisible,
il le leur enviait.
Tajat serait le lieu de sa première « illumination », phénomène qui prenait
chez lui la forme spectaculaire (et alarmante pour son entourage) de petites
syncopes, brèves et indolores mais puissantes car elles le possédaient
tout entier.
C’était heureusement peu fréquent et correspondait à chaque fois à un
sentiment précis ; ce matin là il était parti dés l‘aube à la pêche avec
son tonton, il faisait encore frais et une fine brume enveloppait la paresseuse
rivière.
Les oiseaux chantaient
dans les hautes herbes humides.
C’était (comme disent les jeunes gens) « trop », trop beau, trop
fort, il pouvait mourir et il s’évanouit, béat.
« Berrnarrrd, Berrrnarrrd !»
il n’était pas au ciel, car le bon dieu n’a pas l’accent de la Saône-et-Loire,
ou pas à ce point, c’était son tonton, penché sur lui et qui lui
parlait, un peu inquiet, avec un gros poisson-chat au bout du fil.
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« L’illumination » suivante
sera encore plus brusque et surprenante :
à Miribel, on a construit entre les deux guerres une grande madone de
béton sur la colline.
Elle est plutôt moche mais a une particularité intéressante, elle est
creuse et l’on peut monter jusqu’à son sommet par un escalier en fer bien
raide.
De la haut, la vue est splendide, dit-on.
Nous y montâmes en famille mais arrivés en haut, la vision que j’eus me
fit tomber raide à la renverse, tétanisé.
Décidemment, pour moi, le monde était beaucoup trop grand.
On me redescendit tant bien que mal et je me remis rapidement sur mes
pieds palmés.
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Question
:
Dans l'illumination normale, est-ce vous ou le monde qui devenez
brillant ?
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Je connus d’autres
« illuminations » du même type disons foudroyant mais jamais le 8 décembre
et jamais avec des drogues, car l’illumination, c’est comme la bandaison,
mon cher Georges, ça ne se commande pas.
Il
perdi totalementpied
et confiance
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