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Toute l'affaire commence
par un article étrange paru dans " La feuille de Chou ", quotidien ultra-local.
" Monsieur Démiurge, éleveur d'animaux transgéniques à Plosse (reptiles,
rapaces diurnes plus quelques lions miniatures d'appartement) a signalé
à la gendarmerie choutoise la disparition de la plupart de ses spécimens
suite à un acte de malveillance, une enquète est en cours. "
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Puis le
silence et l'habituel torpeur retombérent sur Plosse, dans un premier
temps les habitants des villages voisins ne s'inquiétèrent pas.
Cependant l'absence de réponse aux appels téléphoniques, e-mails
ou signaux de fumée décidérent quelques courageux d'aller voir sur
place.
Arrivé à Plosse, stupeur, le village est désepérément vide, les
habitants semblaient s'être volatilisés, partis sans laisser d'adresse,
même électronique.
Les autorités essayèrent, pour éviter toute panique, de garder l'affaire
secrète mais nous avons de grandes oreilles, orientables comme des
antennes.
La rédaction de Ta mouille décida d'envoyer sur place son plus fin
limier, Hurine, on comptait sur lui pour lever un coin du voile
de cet étonnant mystère, si ce n'est le voile tout entier. |
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Le voyage fut long, compliqué
et livré aux hasards des correspondances, quand il demanda un ticket
pour Plosse, le chauffeur du car blémit et il prévint notre vaillant
Rouletabille post-moderne qu'il ne s'arrêterait que quelques secondes
dans cette cité maudite.

Durant le sinueux trajet,
Hurine s'assit à l'avant car il avait mal au coeur, il en profita pour
peaufiner ses analyses jusqu'au moment où, au détour d'un énième virage,
apparurent les premières maisons de la bourgade-fantôme.
Notre voyageur sans bagages descendit prestement sous les regards terrifiés
des autres occupants qui lui faisaient derrière les vitres l'universel
signe* indicateur du dérangement mental.
* signe : Geste simple
consistant à se taper la tempe avec le majeur.
Hurine erra longtemps dans
les ruelles désertes sans y croiser âme qui vive encore, certaines portes
étaient restées ouvertes, la table était mise, la nourriture dans les
assiettes, les lits défaits, la télévision toujours allumée, en vain.
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A Plosse, il ne fait
pas bon circuler ...
ou seulement
prendre le frais.
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S'étant assis à l'ombre du
monument aux morts, Hurine dégustait un petit casse-croûte quand un
pin-pou caractéristique vint troubler l'affreuse tranquillité.
C'était les gendarmes qui patrouillaient afin d'éviter le pillage, Hurine
planqua rapidement le fruit de ses menus larcins et s'approcha de la
fourgonnette bleue.
" Vous y comprenez quelque chose ? " demanda notre enquéteur
aux pandores peu rassurés car ils venaient d'écraser un python de six
bons mètres sur la départementale, juste devant le cimetierre.
Hurine se précipita sur les lieux, l'énorme reptile était bien là, magnifique
bien qu'un peu aplati.
En lui passant dessus, les roues avaient fait éclater ses entrailles,
Hurine remarqua de suite que cet intestin contenait un tas de choses
très inhabituelles chez un reptile : une montre, une carte bleue, un
caleçon, une paire de tongues vertes et même un petit appareil-photo.
Ce dernier objet attira immédiatement l'attention du curieux, il s'en
empara afin de visionner les images* enregistrées ; en les faisant défiler
Hurine comprit quel avait été le triste sort des habitants de Plosse.
Les animaux transgéniques
échappés les avait simplement boullotés jusqu'au dernier, ensuite
ils digérèrent tout l'été avant de s'entredévorer quand la bise
fut revenue, et l'appétit avec.
" Sale histoire ! " conclut Hurine en guise d'analyse avant
de traverser la route pour consulter les horaires du car.
* images : Ce sont
ces clichés (enfin les moins terrifiants) qui illustrent cette
pénible histoire d'apocalypse animale.
Qui pourra
encore dire, après avoir vu (et lu) ça, que les bêtes ne nous
aiment pas ?
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