TA MOUILLE
numéro 4

L'AMIDUTABA
présente :

UN DESTIN CLANDESTIN ?

   
 

 

Parulie se glisse dans le cimetierre du village chargée d'un paquet encombrant et manifestement lourd.

C'est la fameuse toile de Jute qui justifie ainsi sa réputation.
La jeune fille pousse la petite porte grinçante d'un caveau rococo et s'assoit en bas des marches.
La nuit commence à tomber, Parulie attend toujours et commence à s'inquiéter ; autour d'elles les fantômes, les feux-follets, les chauves-souris et les white zombies volent en tout sens.
Enfin, de derrière les noirs lointains cyprès, des échos de voix étouffées lui parviennent, " ils " arrivent.
Deux marchands d'art indélicats (attention au pléonasme ! Note Amidutaba) auxquels Fernand avait donné rendez-vous afin de leur vendre la peinture volée ; Bonnet Blanc et Blanc Bonnet étaient bien là, mais pas l'ex-valet de chambre.
Que s'était-il passé ?
Et où ?

L'enfoirosaurus était dans de grandes difficultés, malgré ses dénonciations contre le reste du personnel, c'est lui qu'on avait arrêté à cause de ses empreintes si caractéristiques.
Fou de rage de se voir aussi bêtement démasqué, il se mit à mordre tout le monde avant d'être roulé dans une bache, mis en cage et chargé dans le fourgon de la gendarmerie.
Ses rugissements de colère résonnèrent longtemps sur les champs de betteraves sucrières.
" Il n'était pas de notre monde ... " conclut la Comtesse.
" Chassez le naturel ... " soupira la veuve musicale en lui caressant les cheveux.

Pendant ce temps Parulie se débattait (c'est le cas de le dire et sans doute le moment ou jamais) avec les deux marchands qui aimaient le beurre mais aussi l'argent du beurre.
Aussi, après avoir fait main basse sur la peinture emballée, ils voulurent faire de même avec la demoiselle qui, une fois de plus, ne trouva son salut que dans l'agilité de ses jambes de gazelle ; en quelques bonds légers elle atteignit la porte du caveau et enferma les bandits avec les morts et le tableau douteux.

Après sa sortie précipitée du cimetierre Parulie se retrouva de nouveau sur la route.

" C'est mieux que d'être sur le trottoir ! " se dit-elle.
Mieux sans doute, mais à peine car elle ne savait plus que faire ni où aller.
Dans l'immédiat, elle devait juste trouver rapidement un endroit discret afin de pouvoir soulager son ventre tout arrondi qu'une tempête abdominale de force 7 agitait.
Lors de sa fuite à travers les vergers Parulie avait mangé beaucoup d'abricots encore verts et depuis une épouvantable diahrée la tenaillait, il lui fallait évacuer de suite le contenu de ses intestins surchauffés.

 

Un petit muret de pierres lui permit de s'accroupir enfin à l'abri des regards ; c'est ce moment là que choisit sa conscience pour se manifester.
Elle avait pris la forme d'une grosse libellule aux ailes violettes, la tête couverte de paille sêche avec deux yeux de merlans frits.
La conscience était posée sur le muret, elle n'allait pas tarder à s'éloigner pour préserver l'intimité de la jeune fille, mais surtout à cause de l'odeur.
Après les flatulences et gargouillis divers couvrirent un temps les bruits de la nature au réveil.
Quand tout fût fini, Parulie partit plus loin se reposer face au soleil levant ; sa conscience vint se poser sur son épaule et lui demanda tout de go :
" Parulie, tu n'as pas honte ? "
" Non, pourquoi ? " interrogea la jeune fille.
C'était la bonne réponse mais sa conscience lui donna quand même, pour le principe, une légère pénitence :
" Tu devras attraper 44 mouches bleues pour mon diner ! "

L'air de rien, elle exigeait beaucoup mais Parulie, obéissante, se mit de suite au travail pendant que la fausse demoiselle, allégée elle aussi, volait alentour en croquant des moustiques.

Sa pénitence achevée, Parulie n'était pas plus avancée ; elle décida donc de chercher du travail car elle n'avait aucun avenir dans la délinquance.

Sur la place du marché, un monsieur à fortes moustaches distribuait discrètement des prospectus où figuraient une liste d'adresses d'ateliers clandestins bien connus.
Parulie se mit de suite en route et après une longue marche sous une pluie battante elle vit, au fond d'une impasse un étrange bâtiment multicolore.
Habilement camouflée en magasin de jouets, la maisonnette dissimulait une fabrique de chaussures de sport contrefaites.
Les grossières imitations sortaient dissimulées dans des poubelles roulantes à double-fond avant d'aller inonder les échopes de la région, estampillées de marques prestigieuses ou imaginaires.
Les baskets " Nique " partaient à la conquète du monde mais, malheureusement pour leurs acquéreurs, n'allaient jamais très loin.
Leurs acheteurs non plus d'ailleurs.


Les horaires s'étalaient largement de six heures du matin jusqu'à vingt heures avec une équipe supplémentaire pour le travail nocturne.
La jeune fille choisit de faire partie des travailleurs de la nuit, ce fût une fatale décision.
Le patron avait immédiatement repéré Parulie et en vertu du fameux " droit de cuissage ", tissé la toile où la demoiselle allait s'empêtrer.
Après avoir renvoyé (sans préavis) les autres esclaves, l'ithyphallique patron se dissimula dans un placard où il revêtit silencieusement sa panoplie de Spiderman.
Il ne lui restait plus qu'à sortir doucement et se jeter sur sa proie à la façon d'une araignée.
Parulie faillit s'évanouir de peur et elle tenta de résister de toute la force de ses mignons biceps, elle ne pouvait rien faire, emmélée qu'elle était dans les fils de soie du pseudo-arachnide.
Son forfait vite accompli, le faux-Spiderman mit par contre beaucoup de temps à se défaire de l'écheveau séricicole avant de prendre le large en sifflotant laissant la pauvre créature se débattre dans son cocon maculé.

(à suivre)

 

 

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