|   " Pour notre prochaine exposition, 
        il s'agit de frapper un bon coup sur la tête du public ! " ne cessait 
        de répéter le directeur depuis quelques jours. Il convoqua une réunion pour essayer de trouver une idée.
 Ce " brain storming " improvisé accoucha d'un merveilleux bébé :
 " Organisons la première exposition d'artistes venus d'autres galaxies, 
        le succès est assuré ! " proposa Octave des obres
 " Super et allêchante proposition ... mais vous en connaissez vous des 
        extra-terrestres ? " questionna notre décideur.
 Un silence, des anges passent en apesanteur.
 Guy Molet lui expliqua longuement à l'oreille quelque chose.
 Les traits toujours tirés à quatre épingles du génial dirigeant s'illuminèrent 
        :
 " Très bien, très bien, en plus ça ne nous coûtera pas un rond, à part 
        le prix des affiches de l'espace.
   Dés le lendemain, elles étaient 
        prêtes à coller, l'exposition fût organisée à la vitesse de la lumière 
        et inaugurée de suite. Il suffisait de donner un bon coup de balai car les salles devaient rester 
        vides.
 
 Flying sauceur, 
        ou pas ?  Seul Un " éclaireur " (en fait, 
        un intermittent du spectacle déguisé et complice) expliquerait le phénomène 
        aux visiteurs qui se pressaient déjà et se pinçaient pour le voir, et 
        donc le croire : " Nous ne pouvons percevoir les oeuvres venues d'ailleurs car leur substance 
        est immatérielle et nos sens trop grossiers ne sont pas assez développés 
        pour y parvenir. "
 Et toc, le tour était joué ; quelques barrières bien disposées complètaient 
        l'illusion cosmique.
 
 Cheveux sauvages 
        d'anti-matière.  " Et dans deux ans, qu'est-ce 
        qu'on fera ? " s'inquiètait le prévoyant Octave." Nous dirons que nous avons perdu le contact ou que la prochaine biennale 
        a lieu chez eux, sur Bételgeuse par exemple ... et puis ce sont des années-lumières, 
        rappelez-vous. " conclut le directeur rassurant, et ravi.
 Il contemplait la file d'attente qui faisait trois fois le tour de la 
        Fondation avant de se perdre dans les rues voisines, on avait bien fait 
        de doubler le prix des entrées.
 Quelques entités étranges se mélaient au cortège :
 " Do you speak martien ? " questionnaient en boucle les nouveaux venus.
  
 Nos visiteurs 
        d'un soir.  En changeant brusquement d'échelle, la Fondation Gellipane était devenue 
        le centre universel de l'art du futur, en toute simplicité.
    |