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La Fondation Gellipane est
en ébullition, toute l'équipe est prête pour le départ du futur et toujours
mythique " voyage en orient ".
On charge les derniers dromadaires avec nos présents culturels.
Cette expédition nous la devons à notre gardien Paul qui occupe ses longues
heures d'inactivité comme il peut, souvent en répondant à des jeux.
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Pour une fois il a gagné
et nous voila parti, et déjà arrivé tant les prodiges sont nombreux
et incessants dans cette partie du monde, chez les arabes.
Le C.A.C 40* (Centre d'Art Contemporain) de Tataouine nous acceuille
au milieu des dunes.
* 40 : C'est la température
minimum
Note : L'article sera
illustré de délicates aquarelles d'Octave des Obres, tout notre
matériel ayant été confisqué à l'aller puis au retour.
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Le soleil tape dur et anéantit
quiconque se risque à l'extérieur.
Nous sommes tous réunis, au frais et à l'ombre, écroulés sur les coussins
en attendant d'hypothétiques visiteurs.
Tout est
normalement installé.
Les chiens aboient, les caravanes
passent mais toujours personne.
On nous avait prévenu qu'une longue exposition au soleil était problèmatique,
sinon dangereuse.
Mais en orient on apprend la patience et le narghilé, toujours allumé,
nous tient compagnie à l'eau de rose.
Enfin une silhouette
se découpe dans l'entrée lumineuse, un fonctionnaire local du parti
unique avec un gros paquet sous le bras.
On se fait d'interminables
politesses puis ce représentant des services politiques suggère
que nous enlèvions toutes nos horreurs pour accrocher quelques photographies
officielles du président à vie et de son héritier.
Un geste qui serait apprécié, en haut lieu.
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First contact
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Un rapide débat et le front
de résistance démocratique s'écroule avant de lâchement capituler.
" De toute façon, il n'y a personne " soupire Peldugland le fataliste.
" Par principe ! " soutient Guy molet que son idéalisme ne laisse
jamais en paix.
On enlève donc et on cloue des tapis à la place, c'est joli et c'est aussi
une forme de résistance.
" Passive ... " pense le révolté en tétant le narghilé.
Tout est
encore théoriquement possible.
" Kof, kof ! C'est quand
même fort ce turc, pardon, ce truc ! "
A cet instant flottant, un autre personnage fait son entrée ; barbu, un
grand turban sur la tête, il porte aussi un encombrant paquet.
Il représente les services religieux mais sa demande est la même : il
veut remplacer nos icônes post-modernes par l'image de son guide spirituel
(qui lui ressemble étrangement).
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" Et notre liberté
d'expression, qu'en est-il fait usage ? " s'indigne le poète.
Son interlocuteur ne
voit manifestement pas de quoi il veut parler ; nous rassurons l'homme
en lui expliquant que nous ferons le nécessaire ... un de ces jours.
" Maintenant on a un bon stock, icônes à moustaches et à barbes
... " constate Peldugland en considérant la pile.
" On gardera les cadres ! " décida le directeur toujours
économe, même torse nu.
Miss Clitorini s'évente, elle a eu chaud sous le tapis pendant la
religieuse visite.
Mais elle n'est pas torse nu, ce que nous regrettons tous.
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Survient un troisième
personnage, un militaire au front bas sous la casquette et aux sourcils
suspicieux.
Il n'a pas de paquets
mais des bosses suspectes gonflent les poches de son treillis bien
repassé.
Il nous fit comprendre, en jouant avec son gros revolver, qu'il
serait bon d'enlever ce qui restait, et nous avec.
" C'est la caserne d'Ali-Babar ici ! " marmonnait Peldugland.
" Ils commencent sérieusement à nous faire suer le burnous !
" peste Paul, notre gardien, qui est du voyage (vu qu'il l'a bien
gagné).
Un tapis volant décolle dans l'après-midi, qu'il nous emmène.
" A vos ordres Maître ! " répond le génie (un blue djinn
sans doute).
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On fait une
dernière photo-souvenir sous le palmier du coin.
" Ooouahhh ... "
Après un très long baillement, le directeur s'étira.
" Heureusement que tout ceci n'est qu'un affreux cauchemar ! "
Heureusement.
" On devrait aérer un peu, on ne se voit plus dans cette fumée !
" ânonnait (ses tanneries) Guy Molet, les yeux rouges.
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Miss Clitorini commença
une danse du ventre plutôt lessive (pardon,lascive), tout le monde
tapait dans ses mains en faisant
" Youyouyou " devant le nombril du monde.
Légende h :
Non, non, non, l'orientalisme n'est (toujours) pas mort !
Car il fume encore.
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