FONDATION GELLIPANE

PROGRAMMATION

 

 

 

" NORD "
LAVIS AU GRAND AIR
ARTISTE : P . LIGANOFF
GENRE : sanguinolent
EXPOSITION n° 15- 3

.

 

 

 

Dans le cadre en inox du développement des relations culturelles entre nos deux pays (et dans l'espérance des subventions afférentes) la Fondation Gellipane a organisé un échange avec une des nombreuses ex-républiques soviétiques à la géographie imprécise : le Balnavistan.

Nous eûmes l'immense honneur et la joie profonde de recevoir un artiste balnave, P.Liganoff, caucasien blanc et cocasse, au moins à son arrivée.
En échange, on leur envoya un artiste lyonnais, tout content que sa réputation ait déja atteint les confins du monde civilisé et qui de toute façon n'avait rien à perdre ici que le mépris général.
Il téléphona une fois à son arrivée pour réclamer certaines denrées introuvables sur place puis ce fût un grand silence qui arrangeait bien tout le monde.

  Deux mois plus tard arrivait à la fondation un petit paquet contenant une lettre en pidgin local d'où il ressortait que notre pauvre artiste avait été kidnappé par des bandits balnaves avec, pour preuve, un doigt sectionné du malheureux.

 

Les bandits et leur malheureux otage,


en dessous, le lieu de détention.

 

  Il nous serait rendu contre une modeste rançon sinon, la " suite " nous parviendrait bientôt.
Le directeur décida qu'il n'était pas question de payer un rouble pour un peintre inconnu alors que les rues en sont pleines et qu'il n'y a déja pas assez de place pour tout le monde.
" D'ailleurs, je suis sûr qu'il se porte très bien ! " conclut-il, en appelant son chat pour lui donner le contenu du paquet.
" Et c'est son petit doigt qui me l'a dit !" la plaisanterie était un peu grosse mais tout le monde rit quand même car c'est ainsi qu'on fait carrière.

 

Et comme le chaton, habitué à des nourritures plus raffinés, délaissait le morceau de chair, il le mit à la poubelle en concluant :
" Comment peut-être artiste quand on a si mauvais goût ! ", tout le monde alla vomir dehors et la vie repris son cours normal.
Durant les semaines suivantes, les colis continuèrent d'arriver avec régularité et nous décidâmes courageusement de les renvoyer à l'expéditeur sans les ouvrir, sinon la poste peste, mais sans attendre non plus sinon la poste empeste.
Revenons à P.Liganoff qui semblait s'être bien adapté, au moins au début, il avait beaucoup grossi et un peu travaillé mais bientôt la terrible nostalgie orientale le prit et il restait des heures à rêvasser et baver en croquant des cornichons salés.

 

Premiers travaux de P.Liganoff.

 

Interrogé, il ne pouvait que répondre :
"Pas assez de bouleaux ici, et sapins pas du tout !"

Après avoir bien réfléchi, nous l'avons naturalisé (mais pas empaillé, nous ne sommes pas des balnaves) et installé dans le jardin* au milieu des nains porteurs de paraboles.

* jardin : nous avons déjà eu des propositions d'achat intéressantes, encore un qui va accéder à l'e-mortalité ; les artistes (même balnaves) sont vraiment des privilégiés.

 

L'artiste balnave et son oeuvre ; l'artiste disparaît (ou disparu),
il reste l'oeuvre en l'occurence des lavis au grand air.

L'artiste naturalisé.

 

 
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