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Afin que la
fête soit complète et totalement débridée (bis), un concert de musique
exotique était organisé le soir du vernissage.
Les suaves mélodies firent revenir le cambodgien fugitif et nous pûmes
l'interroger sur sa vie, son oeuvre, ses habitudes alimentaires et
ses sentiments élémentaires.
Nous étions vraiment contents car des artistes il n'en reste plus
beaucoup au pays du matin calme et du soir orageux.
Ceux qui ont survécu ont eu la sagesse de se dire maçon, plombier,
peintre en bâtiment (c'était déjà suspect) ou crétins, sinon ils faisaent
partie du " peuple ancien ". |
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" Vous gardez en vie
ne nous rapportent rien, vous tuer ne nos coûtent rien. " diffusaient
en boucle les hauts-parleurs.
La marge était faible
et le risque total.
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Les imprudents (ou les
malchanceux) subissaient le sort commun et on aurait maintenant
bien du mal à reconnaître leurs crânes* fracassés dans les nombreux
tas qui jalonnent le paysage khmer.
* crânes : comme
quoi les artistes sont des hommes comme les autres et n'ont pas
la tête plus grosse.
De leur mort.
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Le crâne
d'artiste est au centre, on le sait parce qu'on nous l'a dit.
Que nous dit-il encore Ankor
:
" Mais si Anouk Aimé achête une oeuvre, je serais dans cette mégapole
(?), pote avec tout le monde ! "
Comme quoi ça va beaucoup mieux.
" Et combien de temps pouviez-vous consacrer quotidiennement à l'art
? " demande Guy Mollet.
No comment.
" Et que pensaient ces terribles khmers rouges du post-modernisme ?
"
" Rien, ou plutôt si : pan-pan-pan ... Et sur le tas. "
Stop ?
Ou Ankor (seulement pour les vrais intimes).
Ankor et
quelques disparus parmi tant d'autres.
Nous en êtions tous cois, vaguement
mal à l'aise, on observa spontanément une seconde* de silence qui fût
interrompue par un vibrant " Bon anniversaire, Miss Clitorini ! "
C'était Octave des Obres qui fendait la foule dense et recueillie en portant
un gros gâteau couvert de scintillantes bougies.
* seconde : Une minute,
c'est pour les gens importants.
Une heure, c'est
que quelque chose ne va pas.
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Mordicus le directeur
arrive aussi en portant un joli paquet mauve, il le tend à la demoiselle
émotionnée :
" Pour la plus gracieuse des communicantes, de la part de la
Fondation Gellipane toute entière ! "
De nombreuses bises, les bouchons sautent, les langues se dénient
(pardon, se délient).
La belle fêtée ouvre son cadeau, c'est une magnifique robe dorée
de Cendillon avec une écharpe d'argent brodée :
" Miss Fondation Gellipane "
La toute nouvelle Miss disparaît pour essayer SA robe.
" Trente, mon chéri
! "
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Son retour fût gagnant et très
apprécié, le directeur exprime l'opinion unanime :
" Miss Clitorini, aujourd'hui vous nous avez mis la barre très haut
! "
Profitons-en pour en rester là, à ce moment de convivialité simple et
de bon goût (enfin !).
On aurait du en rester
là si Paveldavumavan n'avait décidé, après plusieurs coupes et une
mauvaise journée, d'enlever séance tenante la Miss stupéfaite.
Le rapt
Comme il faisait de terribles
moulinets avec son grand couteau tordu, personne n'osait l'approcher.
" C'est l'enlèvement des sapines ... " commenta Pedugland,
en vrai connasseur.
" SaBines* ! " corrigea agacé Octave des Obres qui cherchait
désespérément une solution pour dénouer la crise de rire.
Il n'en trouva pas ; heureusement il restait du champagne.
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* Sabines : Rappelez-moi
l'auteur, David ou Goliath* ?
C'est une question Vil de Lyon.
* Goliath : Peintre hyper-doué
au destin tragique, il était si fort qu'il crevait toutes les toiles,
il a fini par normalement mourir de fin (c'est le mot).
Pas encore, son oeuvre a pu trouver refuge au Musée des toiles percées
à Jouysse.
Goliath devant
sa rétrospective à trous sur fond de rock n' roll ;
ouf, il a failli être complètement effacé de l'histoire de l'art.
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