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Saic
Pitron (Thailande)
Le plus jeune des quatre
petits dragons asiatiques invités est le thai Saic Pitron, le plus
jeune mais pas le plus petit car il est de bonne taille.
Saic Pitron est sculpteur sur plastique, son ensemble d'érections
colorées aux formes ménagères allie la dureté du plastique à la
transparence du verre, pfffui !
Ce fût très remarqué d'autant plus que l'importance des volumes
empêchait de voir le reste de l'exposition d'où des tensions avec
les collègues (les artistes étant partout les mêmes).
Son rêve serait un monde plastifié, inaltérable et réfléchissant
(enfin) d'où la décomposition et la corruption, si présentes sous
ces latitudes, seraient bannies.
Mais ne craint t'il pas que celà nuise à la florissante industrie
touristique ?
" Pas du tout, répondit-il, il restera toujours les petites filles
et les petits garçons ! "
Et les éléphants blancs.
Couleux
débat.
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Oiseux et déjà dépassé pour
Saic Pitron qui travaille maintenant le chocolat en plastique, ou le plastique
en chocolat, il hésite encore.
Canard W.C, un plasticien concurrent le critique ouvertement :
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" C'est
du bidon ! "
Ajax Vitres s'en mèle au nom de la transparence, le ton monte, ça
mousse un bon coup.
Monsieur Propre met tout le monde d'accord en menaçant d'une possible
tornade blanche.
Si la saleté s'incrustait encore.
On ne le croit plus trop mais on fait semblant, malgré les mauvaises
odeurs. |
Saic Pitron voit clair, même si ça étincelle grave, il voit loin
aussi, et il voit grand.
Son prochain projet est juste colossal car il va repeindre toute une région.
Désertifiée*, rassurez-vous.
* Désertifiée : jamais
totalement, il reste toujours des vieux planqués sous les pierres.
Les équipes
sont déjà sur place posant devant leurs brosses géantes, au premier plan,
Force Rouge.
L'artiste
en chapeau jaune discute avec un jeune " Bleu " qui s'occupe des retouches.
Le garçon est ému, c'est sa première grande peinture.
Alors, avant d'abandonner
définitivement le pays aux tas de ronces et aux ordres (pardon, aux hordes)
de sangliers mutants, on en met une bonne couche.
Ainsi réapparaissent de fraîches vallées (toujours fleuries), des châteaux
forts, des cascades partout et de grasses usines (toujours fumantes).
" Attention,
on n'est pas raccord, on voit encore un bout de ce coin pourri ! "
Merci, c'est
agréable, c'est là où je suis né.
Le flux touristique traverse
cette riante contrée sans se douter de rien ni être incommoder par de
peu ragoûtants points de vue.
L'honneur est donc sauf et c'est un bon chantier pour les barbouilleurs
du futur qui auront à repeindre régulièrement la triste réalité.
Sans la dépeindre évidemment.
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