|  | Pour qui fait son voyage d'hiver 
        en Finlande (en été, c'est impossible à cause des moustiques sauvages), 
        la première sensation est d'une grande fraîcheur. Les habitants se recouvrent alors de feutre comme Joseph (boys don't cry 
        !) et de peaux de bêtes ; cependant la population humaine augmentant et 
        les animaux se faisant se faisant rares, on dût changer certaines habitudes 
        millénaires.
 
        
          |  | Les peintures pelucheuses 
              de Lamo.    
              
                |  | Donc pendant l'interminable 
                    nuit polaire et pour attendre au chaud le retour du soleil 
                    printanier (autour du 15 août), hommes, femmes et enfants 
                    restent blottis sous des amas de moquettes colorées en mangeant 
                    des pignons de pin ; ou alors ils émigrent.  Lamo Kate ne fait 
                    ni l'un, ni l'autre et c'est normal, c'est une artiste et 
                    ces gens là ne font rien comme tout le monde. Son mariage avec un riche aristocrate français, Hubert de 
                    Cinqmaclou* lui permit d'obtenir toute la moquette qu'elle 
                    pouvait désirer.
 Depuis elle court 
                    le monde en recouvrant les murs des musées de ses étouffantes, 
                    caloriques et silencieuses surfaces.      |  |  
        
          |    * Hubert de Cinqmaclou 
              : naturaliste et grand chasseur d'élans, ce qui est orignal et utile 
              à la fois " car y boulottent même le lichen ! " (dixit un 
              renne en colère). " Mais il touche souvent Lamo Kate ! " médisent certains, 
              ce n'est pas notre affaire.
 
 L'artiste 
              venu du froid.  |  
                
 Chaud, chaud devant 
                (et derrière aussi) |  Cette exposition aurait été 
        les plus reposantes sans les bizarreries et les absences (non justifiées) 
        de notre gardien Paul. Ce matin une visiteuse indignée vint frapper à la porte du bureau où nous 
        étions en pleine réunion, en pleine communion pourrait-on rire (pardon, 
        dire) tans les liens qui unissent notre équipe sont serrés.
 Et qu'on ne trouve pas toujours les noeuds.
 
 Toc-toc-toc 
         Il faisait une chaleur de sauna, 
        bien que partiellement habillé, le directeur assura." Comme une bête ! " lança une petite voix de dessous les dossiers 
        épars.
 " Bonjour madame, comment allez-vous ? Aimez-vous l'exposition, ou 
        la Finlande ? Peut-être voulez-vous nous acheter quelque chose ? "
 " J'ai déjà de la moquette partout chez moi, merci, j'apprécie fort 
        Alamo (pardon Lamo !) et ses fantaisies lapones mais je m'interroge 
        sur le comportement de votre gardien ... "
 Ceci dit, elle se pencha à l'oreille du directeur pour lui conter une 
        anecdote destinée à rester secrète.
 
 
        
          |  | Notre dirigeant 
            écoutait d'un air digne et responsable la plaignante : " Oui, je vois, c'est effectivement très grave, fit-il avec un 
            grand sourire, je vais en parler à mes collaboratrices."
 " Oh oui, parle nous 
              en encore ! " fit le choeur des secrétaires.  * choeur : Et leur 
              petit coeur que fait-il ? Il fait des bonds, il fait des bonds ... "
 |    
        
          | " Je prends note 
              ... si je retrouve mon agenda, cette chose ne devrait plus se reproduire. 
              "  La haute autorité fit 
              de plates excuses à la dame au nom de la Fondation et des scandinaves 
              enfin réunis puis convoqua Paul dans le bureau ; le temps de remettre 
              un peu d'ordre et de renvoyer les stagiaires.  |  |   Le gardien arriva tout penaud.  " Alors Paul vous perdez 
        les pédales ou quoi ? " Ce dernier tomba la face contre terre en gémissant :
 " Je n'en peux plus, ce n'est pas une vie humaine, je ne vois que des 
        choses bizarres, torturées, incompréhensibles la plupart du temps, un 
        vrai supplice de bancale.
 Rester enfermé toute la journée avec ces trucs (sans compter les femmes 
        en chaleur), c'est à devenir fou, j'ai besoin de me détendre, absolument. 
        "
 Seul un onanisme régulier lui permettait de tenir le coup en vidant ponctuellement 
        sa pauvre tête et ses testicules gonflées à bloc.
 Ne se sentant pas de lui faire la morale plus longtemps, le directeur 
        aménagea son temps de travail de manière à lui laisser de multiples pauses.
 
 
        
          |  | Il suffisait à Paul de 
              poser la petite affichette :  FERMETURE 
              MOMENTANEE POUR CAUSE DE TRAVAIL MANUEL
 Comme quoi le dialogue 
              social n'est jamais rompu à la Fondation Gellipane. " Bon, c'est pas tout mais on a une nouvelle réunion à 17 heures, 
              préparons-nous ! " conclut le directeur en regardant sa ... 
              grosse montre suisse.
 " En 
              duplex cette fois, ça va encore se terminer à point d'heure ! 
              "  |     |  |