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      " Vous êtes vraiment sûr 
        de vous Octave ? " demanda le directeur angoissé en regardant la salle 
        d'exposition vide de chez Vide. 
         
       Chenille 
        processionnaire minimimaliste.  
      " Ce No-Fing est un hyperminimimaliste 
        fanatique, un vrai dur, il nous faut chercher encore ... "  
        Guy Molet que toute cette radicalité effrayait, bredouilla :  
        " Euh, et pourquoi est-ce qu'on le surnomme " l'ombre jaune ? " 
         
      
        
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          " L'ombre 
            jaune " ne fait que passer. 
            Son compagnon, Robert 
            Morane écarte les curieux et les possibles furieux.  | 
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      Nous avons fini par trouver, 
        il fallait (comme souvent) lever les yeux, seul un fil ténu nous reliait 
        encore au réel.  
        " Et tout ça ne tient qu'à un fil ! " admira Peldugland.  
         
      
        
          Les visiteurs 
            cherchaient aussi l'oeuvre, ils grattaient les murs et sondaient le 
            plancher sans cesser de s'interroger :  
            " Je pense que c'est l'extincteur ! " 
            " Je penche plutôt pour ce double logo noir sur fond d'argent. 
            " 
            " Non, ça se sont les toilettes, cherchons encore ... " 
            " Et ce petit tas de balayures à l'air innocent ? " 
            " Ce n'est qu'un petit tas de balayures sans volonté ni ambition 
            esthétique. "  
            " Je m'en doutais ... "  | 
           
            
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      Mais il n'y avait que Paul 
        notre gardien dans la non-exposition, alors fatalement on s'intéressait 
        à lui.  
      Difficile de ne pas faire " 
        oeuvre " dans ces conditions extrèmes. 
        Paul se mit en état d'hibernation psychologique et ralentit son métabolisme, 
        à ces instants il était jésuitement comme un cadavre debout.  
        Fasciné depuis toujours par la paisible inhibition et l'immobilité contemplative 
        du gardien, Guy Molet voulut connaître ses pensées durant cette longue 
        après-midi estivale.  
        Mais il y alla avec précautions car, comme pour les somnambules) il fallait 
        éviter de réveiller brusquement le rêveur éveillé. 
        " Hum, hum ... dîtes moi Paul, vous ne vous ennuyez jamais ? " 
         
        Non, fit l'intéressé de la tête.  
        " Mais à quoi pensez-vous donc ? " 
        Le gardien rougit jusqu'aux oreilles, il se pencha à l'oreille de Guy 
        qui rosit à son tour après la confidence.  
        " Eh bien ... et comment faîtes vous ? "  
        Paul expliqua en parlant très lentement :  
        " Rêver me distrait et m'amuse pendant les heures de surveillance. 
         
      
         
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          Je surveille 
            surtout les visiteuses, les jolies que je suis du regard à travers 
            la salle en me plaisant à les déshabiller ; des yeux seulement car 
            " Ne touchez pas " reste un impératif absolu.  
            A force de concentration, j'ai acquis une certaine habileté à cet 
            exercice." | 
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       Mais tout 
        pouvoir à ses limites qui sont, dans le cas de Paul, celles du sous-vêtement. 
          
        
        
      " C'est déjà 
        bien Paul, mais vous voulez plus encore ! " 
       " Oui, avoua le voyant, 
        j'y travaille depuis longtemps et justement ce matin comme j'étais en 
        forme, c'est arrivé : j'ai tout vu. "  
        
       " Vraiment 
        tout ? " 
         
      " Comme je vous vois d'ailleurs 
        j'en étais si troublé que j'ai du me retourner contre la cimaise, dans 
        un coin, vous comprendrez facilement pourquoi. 
        J'étais si heureux, elles n'auront bientôt plus de petits secrets pour 
        moi.  
        Mais je ne fais pas que me branler pendant les heures de service, j'écris 
        aussi des poèmes ... je crois que je m'autocensure trop ! "  
        " Non le faisons tous, allez-y lisez, nous sommes entre poètes ! 
        "  
        Paul se met au milieu de la pièce et annonce : 
          
      
        
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             Fantasmatiques 
              abricots  
              
            Comme ils sont jolis 
              ces abricots ronds, doux et soyeux, il me font penser à des ------, 
              surtout avec la ---- au milieu finement dessinée.  
              Notre attachée de presse passe, c'est vrai qu'elle a de beaux ------- 
              qui se balancent doucement, on distingue même les ------ sous le 
              tissu léger ; on dit qu'elle ne met pas de -------, sauf les jours 
              où il y a du vent.  
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              Et cette ------ qu'elle a parfaite pour faire des ----- (comme dit 
              son amie Janine qui rit quand on la ----. 
              Je sens que je vais --------, pensons à l'exposition, ça nous calmera. 
              "  
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        "Il est complètement 
        obsédé ce gardien, dit le directeur qui passait par là, est-il dangereux 
        Octave ? "  
        " Non, il est inoffensif, tout se passe dans sa tête, ses fragiles 
        connexions ...  
        Tiens à ce propos, j'ai vu passer une ombre suspendue à un fil. " 
        " Quelle couleur ? " fit le choeur minimimalistique.  
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