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      La conversion 
        d'Arthur 
         
      La vocation artistique 
        de Penne est toute récente ; en fait, c'est à une véritable conversion 
        que nous devons sa présence à la Fondation Gellipane. 
       Il nous en 
        fit le récit le soir du vernissage : 
       
        " Avant j'étais un chasseur acharné d'oiseaux, tous les volatiles qui 
        volaient à portée de mes canons superposés y passaient car je ne supportais 
        pas de les voir aller libres et apparemment insouciants dans le ciel, 
        alors " pan-pan-pan " et au suivant ! 
         
      
         
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            Arthur, 
              où t'as mis ton corps ?  
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             Un matin que je sortais 
              de chez madame Rémige, le bar-tabac du pays sur la route de Damasse 
              (O7), les poches pleines de cartouches pour me livrer à mon carnage 
              quotidien, je remarquais une fiente de pigeon sur la calandre en 
              nickel de mon Opel Dugland 4x4 Kadett.  
            J'étais fou furieux et 
              je me promis qu'ils allaient me payer ça, je retraversais la rue 
              pour acheter des kleenex et faire disparaître la sale coulure quand 
              un arbre tomba tout droit sur ma voiture, l'écrabouillant complètement. 
              J'étais abasourdi, les oiseaux m'avaient sauvé la vie !  
              Je tombais à genoux sur l'asphalte quand un majestueux faisan traversa 
              la chaussée dans ma direction et me tint à peu près ce langage : 
              Arthur, si tu aimes la peinture, fais-en !  
            Je rendis grâce au gallinacé, 
              balançais pétoires et munitions avant d'aller acheter des pinceaux 
              et des tubes de couleurs. "  
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             " 
              Monsieur plume ! "  
              rageait un ex-camarade cynégétique.  
               
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             Bouleversant témoignage 
              qui donne tout son sens au travail de Penne, maintenant tout entier 
              consacré à l'avifaune des cinq continents et à sa protection.  
            Une histoire édifiente 
              (pardon, édifiante) de temps à autre, ça fait du bien.  
            Penne peint si légèrement 
              que ses oeuvres pourraient s'envoler au moindre coup de vent alors 
              il les attache au plancher avec des fils de nylon tranparent ; elles 
              peuvent ainsi aller et venir doucement dans l'exposition, c'est 
              silencieux et reposant et cela nouc change des cubes et des icônes 
              à moustaches.  
              
              
               
            Lot 
              de peintures ratées, ça arrive même aux meilleurs 
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       Arthur Penne 
        hisse son grand étendard au dessus de son petit pavillon.  
        Une grande banderolle indique aux oiseaux qu'ils sont les bienvenus. 
        Et ça marche, un toucan 
        se pose bruyamment.  
        Quand il trouve beaucoup 
        de belles plumes, Arthur se les attache au derrière et fait l'oiseau braque*, 
        celui qui vole à l'envers. 
        Il imite aussi son affreux cri ; on s'amuse beaucoup à la Fondation Gellipane. 
         
        
      Les visiteurs 
        volants en sont surpris. 
       * braque : 
        Ce volatile porte décidément bien son nom d'oiseau, non seulement il vole 
        sur le dos, (pour mieux voir le ciel, pense t'on couché), mais il est 
        aussi et surtout un farouche partisan du moindre effort.  
        La femelle braque doit donc tout faire : pondre les oeufs, les couver, 
        nourrir, protéger, nourrir encore, chanter (pas trop fort) éduquer les 
        oisillons et même organiser la future parade nuptiale. 
        Le braque en est 
        fatigué d'avance, il étire ses ailes, va t'il chanter un peu aujourd'hui 
        ?  
        Demain, peut-être...  
        Tant mieux. .  
        
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