La proposition du " Club des cinq " artistes genevois, avait de quoi séduire notre directeur pourtant blasé par 48 expositions au soleil et à la pluie froide.

Ces charmants helvètes proposaient de créer un mouvement perpétuel, régulier, circulaire et silencieux.

En clair, ils allaient faire tourner les tables, jusque là rien d'extraordinaire, mais eux feraient tourner les tables en étant assis dessus, et ça, c'était nouveau.
Le directeur était enthousiaste, il pensait à l'énorme publicité que cette perforamce hors du commun apporterait à la Fondation et à sa vacillante fréquentation.

A l'heure prévue, suivant la confondante ponctualité suisse, " Le Club des cinq " au grand complet et en complet investit la salle d'exposition ; cinq tables rondes et basses étaient bien disposées sur le plancher, chaque vaudois en choisit une et après concertation (longue) et concentration (courte) s'assit dessus et se mit lentement à tourner.

L'incroyable performance.

C'était fascinant mais un détective privé américain en vacances avait remarqué quelque chose de bizarre ;
après avoir jeté un coup d'oeil aux enregistrements des caméras de vidéo-surveillance, ses professionnels soupçons se confirmèrent.

Sur les écrans-espions on voyait clairement les petits suisses descendre de leur table respective dés que nous avions le dos tourné et entamer de frénétiques parties de cartes tandis que leur " mystique " support continuait tout seul sa giration.

On découvrit, en examinant les dites tables qu'elles étaient équipées d'un petit moteur électrique silencieux, pur produit (et prodige) de minutie et de précision helvétique.
Le directeur était furieux, on démasqua les imposteurs et on les enferma dans la réserve.
Puis on appela sur le champ les parents fort thunés (pardon, fortunés) des plaisantins en menaçant de tout raconter à la presse vaudoise.

Les doutes du gardien et l'imposture dévoilée.

" Helvètes, haut les mains ! "

tenus en respect par le détective américain,
le club des cinq est démasqué.

Sur les avisés conseils du détective on demanda une rançon conséquente qui fût immédiatement payée par les paisibles bourgeois terrorisés. Ensuite seulement, on libéra les cinq garnements car on ne rigole pas avec la fondation Gellipane, qu'on se le dise partout ! .