FONDATION GELLIPANE

PROGRAMMATION

 

 

 

" LES GRANDS HOMMES
DE LA FRANCE
"
ARTISTE : LANQUETEAU
GENRE : claironnantl
EXPOSITION n° 54
- 1
.

 

 

 

La peinture d'histoire est un genre prestigieux mais totalement oublié de l'hisoire de l'art.
Soucieuse de sa grandissante réputation et consciente de ses responsabilités (lesquelles ?) la Fondation Gellipane a décidé d'ouvrir toutes grandes ses portes ignifugées à un de ses plus remarquables représentants :
Paul Lanqueteau.
Surnommé " le président " pour sa fermeté ou plus familèrement " le vieux pané " pour son érudition sans failles, Paul Lanqueteau y expose tout un cycle arrondi et prestigieux :
" Les grands hommes de l'histoire de France ".

  De gauche à droite : Fouquier-Tinville, le fameux terroriste au sortir d'une réunion du comité de Chahut-Public bien arrosée de sang frais, un roi fainéant au réveil en milieu d'après-midi, Napoléon pètant dans la cour des invalides qu'il fabrique à la tonne et un roi maudit, Louis 16, priant pour qu'on soit plus gentil avec lui.
Comme il fallait s'y attendre dés qu'on touche au patrimoine, les mécontents furent nombreux, ce fût même une tournée générale ( pardon, un tollé général ), une levée de boucs liés ensemble et un énorme concert de klaxons républicains.
Les religieux célèbres : l'euro-moine, précurseur et visionnaire présente la nouvelle monnaie molle, Saint Bernard de Miribel, perpétuel réformateur et insatisfait chronique, au dessous, un authentique savant, Dom Pélignon, vrai bénédictin et grand distillateur et l'incroyable frère Clément qui préférait s'occuper des jeunes (un peu trop selon sa hiérarchie).
Le soir du vernissage restera dans nos annales, cris, insultes, pugilat et gifles, tout le monde s'en donnait à coeur joie selon sa désormais inévitable " sensibilité ".
 
  Tout en bas comme il se doit, le tiers-état est aussi représenté avec Bonnet Blanc, l'ancêtre commun, Blanc Bonnet, le philosophe des chaumières et un anonyme bonhomme normand.

On frôla même le fait divers quand Octave des Obres et l'exposant s'attrapèrent au col avant de rouler à terre agrippés l'un à l'autre en se donnant des coups de genoux.
Les assistants eurent beaucoup de mal à séparer les deux furieux ensanglantés.
Leur inimitié ne datait pas d'hier, elle était de toujours, enfin depuis qu'ils se connaissaient.
D'abord instinctif durant leurs chères études, ce sentiment était depuis conforté en permanence par d' innombrables indélicatesses et de somptueux coups bas.

Note : A la Fondation Gellipane on supporte à peu près tout, sauf la violence ; alors plutôt que de vous infliger le pitoyable spectacle d'un combat de coqs ventroptents mais toujours immatures, nous avons préféré vous montrer un aquarium, c'est plus reposant.

Sans compter les rivalités amoureuses, ce qui fait beaucoup.
Une phrase mondaine et provocatrice d'un Lanquetau bien éméché fut l'étincelle qui mit le feu à la vase trop longtemps accumulée :
" Octave des Zobs, hi, hi, hi, avec une petite pyramide au dessus, hi, hi, hi ! "
Le sang du " touriste " ne fit qu'un demi-tour tant il ne pouvait supporter de voir moquer sa chère Pavart-Davieu ; sa réplique fut cinglante :
" Vous vous y connaissez, vous le peintre des plus grands zobs de la France ... "
Le débat d'idées se présentait mal, par l'arrière.

Après on se serait cru dans la cour de l'école.
Octave des Obres donna un coup de pinceau dans l'oeil du moqueur tandis que ce dernier lui mordait cruellement l'oreille.
Premier sang, stop, le duel était terminé et l'honneur, que l'on croyait définitivement perdu, avait juste glissé derrière un radiateur.

 

La rapide et préhistorique empoignade.

 

 

Dans les toilettes de la Fondation, l'artiste officiel se fait soigner, on a posé délicatement un bandeau noir sur son oeil endolori, il se regarde dans le miroir :
" Pas mal, on dirait Hannibal ! "
" Le cannibale ? " demande madame Lanqueteau effrayée.
" Non pas lui, le montreur d'éléphants, le frère d'Hasdrubal Barca ! " répond le faux borgne qui a de la culture, on ne peut pas lui enlever ; et pourquoi donc lui enlever ?
Rentré chez lui Octave soignait son oreille coupée :
" Super, ça fait peintre, un genre pas comme un autre ! "
Mais d'abord il allait devoir souffrir un peu, il déboucha l'eau oxigénée ...
Dans la salle d'exposition, on ne parlait plus que de " l'incident ".

Un énorme scandale et donc une très bonne publicité pour la Fondation.
" Lanqueteau, on ne le reverra pas de sitôt ! " se moquaient ces collègues érudits.
Et pourtant, dans cette magnifique exposition, les petits découvriront ce qu'ils ignorent encore, les moyens apprendront ce qu'ils devraient déja connaître et les grands se rappeleront ce qu'ils ont oublié.
C'est donc très positif et plutôt sérieux car on ne plaisante pas avec l'inconscient collectif.

 

Paul Lanqueteau impassible au milieu des polémiques et controverses.
Et si vous n'aviez jamais vu d'exposition, pourquoi pas commencer par celle-ci ?

 

 

 
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