|  | L'INCONNUE 
        ASIATIQUE L'après-midi du 18 mai à Péligueux
   
 Dans la tourmente 
        gelée, le fragile édifice de mousse s'est endurci.Il se dresse maintenant 
        place du Lapin Inconnu dans une inutile et muette protestation.
 Son intérêt (et son goût) commande 
        à Bertrand d'aller toujours où ça chauffe le plus (une chatte sur un toit 
        brûlant, par exemple).En effet, quel meilleur endroit pour y vendre des extincteurs.
 Il est vraiment pas con ce garçon, c'est effectivement mieux que la banquise.
 Les petits " problèmes " marrançois étaient maintenant derrière lui ... 
        ou devant, il n'avait jamais eu le sens de l'orientation.
 En tout cas il se sentait déjà péligourdin, de souche calcinée.
 Et puisqu'on parle tant de gourdin, n'en parlons plus.
 N'empêche ... de vigne. Il s'attendait à voir Péligueux cerné par les 
        flammes, il n'en était rien, seuls quelques vagues panaches de fumée noire 
        indiquaient encore l'emplacement d'anciens foyers.
 A peine rougeoyants.
 On avait déjà tout éteint, c'était très contrariant ; de déception, il 
        faillit rallumer le feu.
 Mais avant il décida de réfléchir, cherchant désespérément des yeux un 
        canadair de bon augure.
 Il avait été " grillé ", c'était clair, et il voulait savoir par qui.
 La réponse vint pratiquement de suite sous la forme d'un 4x4 jaune surmonté 
        d'un énorme extincteur doré qui diffusait une entraînante musique de gymnastique 
        matinale.
 
 
        
          |  | 
              
                |  | Damned, 
                  on avait envahi son territoire commercial, le rutilant véhicule 
                  stoppa et une digne représentante de toute l'Asie en descendit, 
                  aussi majestueuse qu'une impératrice, si, si, je vous assure 
                  ! Il manqua de se prosterner face contre terre, c'est sans doute 
                  pour cela que la commerciale souverraine passa sans le voir, 
                  et sans même lui dire bonsoir.
 |      La prédatrice industrielle 
              et son mutique garde du corps qui ne supporte pas la contradiction.Elle est 
              belle comme le lotus bleu (mais pour l'instant, tintin !)
 |  Si ce n'était le souci de ne 
        pas souiller ses si petits pieds, elle l'aurait sans doute écrasé comme 
        une pauvre crotte. Espérant un retour prochain de cette magnificence, Bertrand fit semblant 
        de changer une roue, c'était idiot et surtout inutile, il valait mieux 
        attendre, voire provoquer, de plus favorables (de lapin) circonstances.
 Son cerveau se mit à bouillir, il l'arrêta avant qu'il ne siffle.
 Regarder Péligueux ne le distrayait pas car il n'y avait rien à voir.
 C'est une sorte de grand terrain plat, assez vague, couvert de friches 
        industrielles aux différents stades du délabrement.
 
 A Péligueux, 
        le passé se porte plutôt bien, merci, c'est le présent qui est mal en 
        point.
 Quelques rares travailleurs 
        survivants hantent encore cette zone industrielle sans industries, à la 
        recherche de travail enfoui sous ces ruines récentes, pour la plupart. 
        A l'inverse de Laratte (sa voisine et éternelle rivale) qui se dilate 
        en permanence, Péligueux se rétracte toujours plus, comme une géante peau 
        de chagrin, jusqu'à n'être plus que l'ombre de la prospèreuse (pardon, 
        prospèrante) cité d'autrefois.
 
 Je m'en friche 
        industrielle. 
 " Mais à quoi peut bien 
        être sensible une moderne capitaliste de l'empire du milieu ? " se demandait 
        le garçon boueux, son cric à la main. A l'amour, cette cité interdite ?
 Bertrand n'en connaissait pas les codes d'accès.
 Au pouvoir, ce délice laqué, cet aileron de requin bleu, ce riz gluant 
        ?
 Sans doute, un peu beaucoup comme tout le monde.
 A l'argent sûrement, mais de ce point de vue financier, il n'avait aucune 
        chance.
 L'impassible beauté songeait à la Chine, bien sûr, sa civilisation trois 
        fois millénaire, sa longue muraille et ses fleuves de couleurs.
 Lapin.Blanc.Rapide venait de faire son grand bond en avant.
 " Rendons hommage à son pays, elle y sera sûrement sensible ... c'est 
        son point faible, sa zone érogène épilée, le nationalisme ! "
 Nous y voila !
 Mais de l'histoire chinoise, il ne connaissait que deux noms : Mao-Tsé-Tung 
        et Confucius.
 Il n'avait évidemment pas d'effigie du défunt président* mais il avait 
        un petit carnet carmin sur lequel il inscrivait au jour le jour le nom, 
        la date et le lieu de ses amoureuses aventures.
 Histoire de ne pas oublier, ou de se souvenir à temps.
  Il devrait mettre tout ça 
        sur informatique, un disque mou de préférence, pour pouvoir l'avaler au 
        cas où.  * président : Bertrand 
        aurait pu facilement en trouver une signée d'Andive, le génial dealer, 
        chez les nouveaux riches, mais ici tout le monde (ou presque) est pauvre. 
        
 
 Le papa de 
        Li-Tchi en pleine réeducation* caillouteuse.  * réeducation 
        : Déformation continue à durée indéterminée.  Quand il vit réapparaître à l'horizon le grand véhicule, le garçon se 
        mit sur le bord de la route en agitant frénétiquement au bout de son bras 
        tendu le petit livre rouge.
 Comme il l'avait vu faire sur les documents d'époque (sauf qu'à l'époque 
        ils étaient un petit peu plus nombreux).
 Le résultat fût immédiat, le 4X4 stoppa net avant de faire marche arrière 
        et d'essayer à plusieurs fois de l'incruster dans le bitume.
 Bertrand dut se jeter dans les bas-côtés récemment brûlés :
 " Pffou ... manifestement, nous ne nous sommes pas compris ! " conclut 
        le garçon couvert de cendres froides, essayons Confucius ... "
 C'était encore plus compliqué car, en bon disciple du confusionisme (Lien 
        Grande Enculade), Bertrand mélangeait tout : Confucius, Bouddha et le 
        reste spirituel.
 Il avait dans sa valise une grande photo du Dalaï-Lama qu'une jeune helvète, 
        apprentie-bouddhiste au joli crâne rasé lui avait offert tout en lui proposant 
        une retraite de 3 ans, 3 mois et 3 jours.
 " C'est un peu long, avait répondu Lapin.Blanc.Rapide, 3 heures nous suffiraient 
        largement ! "
 Vu son agitation, il n'avait 
        eu ni la fille, ni la retraite mais il avait gardé la photo. Revoila la berline, vite Bertrand déroule son affiche et la présenter, 
        bien en vue avec un grand sourire.
 Une des vitres fumées se baisse alors et " Tatatatatata " une longue rafale 
        déchira la torpeur péligourdine, Bertrand n'eut que le temps de se baisser.
 La photo du saint homme était pleine de trous.
 " Et moi qui pensait lui faire plaisir ... ces asiatiques sont vraiment 
        difficiles à comprendre ! "
 Le garçon se rendit alors compte qu'il n'existerait jamais à ces yeux 
        bridés.
 Dans sa révolte occidentale, il voulut frapper un grand coup d'éclat et 
        imagina une sorte d'embuscade pacifique inédite qui, à coup sûr, attirerait 
        l'attention de l'inaccessible comtesse de Hong-Kong.
 
 
        
          |  | Le lieu de l'intervention 
              protestataire :" J'existe ! "
   Lapin.Blanc.Rapide s'installa 
              résolument sur le perron de l'envahissante société (dont il bénissait 
              pourtant la venue) muni d'un extincteur dégoupillé. Et d'un tuba pour la respiration.
 A la toujours ponctuelle arrivée, Bertrand cria trois fois " bonsaï* 
              ", enfonça le tuyau de plastique dans sa bouche, ferma bien fort 
              les yeux avant de se déverser le contenu de neige carbonique sur 
              tout le corps en une fastueuse giclette.
   |   * bonsaï : Pourquoi crie 
        t'il ça ?il faudrait le lui demander.
 
 Suicide à la fausse Chantilly 
        ou éléphantesque éjaculation?Il était devenu tout 
        blanc, avec quelques taches noires bien disposées on l'aurait facilement 
        pris pour un panda mangeur de bambous.
 Et on l'aurait alors protéger.
 
 
        
          |  | Sa sinissime beauté daigna 
              enfin sourire et montrer ses jolis dents pointues." Toi ressembler - petit lapin blanc de Sibérie - très mignon ... 
              "
 Elle le gratta de ses longs ongles vermillons entre les oreilles, 
              sa zone érogène la plus dense, il crut défaillir.
 
   Lapin.Blanc.Rapide 
              au nirvana. |  L'inconnue asiatique battit 
        encore de ses petites mains, fit beaucoup de photos et l'encouragea avec 
        un accent si complexe :" Etonnez-moi Benoit ! "
 Ne le prenait-elle pas pour un autre ?
 Le temps de répondre à cette question et la chinoise avait disparu, emportée 
        par son carrosse tout-terrain multi-options avec roue de secours à l'arrière.
 Mais pour l'instant c'était Bertrand la cinquième roue ...
 
 
        
          | 
 Péligueux 
              enneigé, tout le monde est surpris.
 | La neige se mit à tomber 
              sur Péligueux, de gros flocons lourds et ouatés, une vraie tornade 
              blanche et donc l'occasion 
              pour notre immaculé rongeur de disparaître sur le fond.  Avant de réapparaître 
              sous la forme d'un ice-cream déjà ancien dans sa chambre d'hôtel, 
              Bertrand vient de se mettre sous la douche quand on frappe à sa 
              porte, il va ouvrir en râlant.. L'impassible garde du corps couvert de neige se tient sur le palier, 
              il tend à Bertrand une petite enveloppe et un extincteur avant de 
              s'incliner.
 Bertrand lit le message et ouvre l'enveloppe :
 " Cher Monsieur Biquet Voici un extincteur que notre honorable société 
              offre de bon coeur à votre merveilleuse entreprise qui j'espère 
              ne connaît pas la crise.
 Mille salutations Li Tchi "
 Une délicate intention, 
              et quel parfum !  |  " Voyons cet extincteur, un 
        modèle intéressant, et cette manette là ... "Pschhh !
 L'appareil diffuse dans la pièce un gaz âcre, Bertrand commence à s'endormir.
 Damned, l'extincteur contenait un puissant soporifique*.
 * soporifique : L'équivalent 
        du " Journal d'un pâté de campagne " de W.Saurin. En moins fort.
 Bertrand se réveille ailleurs, 
        complètement, et il croit rêver.La fabuleuse Li Tchi est penchée sur lui, si près qu'il peut voir jusqu'au 
        bout de ses petits seins par l'échancrure de sa tunique de soie jaune.
 " Alors monsieur Biquet, on veut mettre ses gros godillots sur nos impeccables 
        plantes-bandes ? "
 Bertrand lui attraperait bien les nichons mais il ne peut rien faire car 
        il est complètement ligoté telle une andouille froide sur une grande table.
 " Pas bavard ce lapin, il répondra 
        peut-être mieux si on l'appelle Hubert (il entend des cors de chasse), 
        l'accompagnement musical s'imposait, ils couvriront agréablement vos cris 
        de cochon castré." Ses larges yeux aux sourcils épilés le regardent sans ciller, Li Tchi 
        poursuit :
 " Alors de la Chatte (vous voyez bien, nous savons tout), causez-nous 
        donc du S.A.N.D.E.Q.U.E, mettez-vous enfin à table puisque vous êtes déjà 
        dessus hihihi ! "
 En se tordant très fort le cou Bertrand peut voir la marque de la culotte 
        (l'empreinte, la marque, on s'en fout) sous la mince étoffe que tend une 
        cuisse ferme aux reflets / Stop, stop, on est pas dans S.O.S* !
 * S.O.S : Son Obélisque 
        Sérénissime   Reprenons calmement. 
         
        
          | 
 La plus ravissante 
              des cruautés.  | En digne petite-fille 
            de l'Ombre Jaune, Li Tchi ne perd jamais son sang-froid : " Vous être le tigre de papier et moi le fin ciseau qui va vous transformer 
            en cocotte administrative, hihihi ! "
 " Pouce, je me rends ! " propose par ruse Bertrand, en fait, s'il 
            avait les mains libres, il lui ferait une séance de pousse-pousse, 
            gratuite.
 " Trop tard, et trop facile !
 Vous ne voulez toujours pas parler, alors vous allez mourir ! " elle 
            commence à le déshabiller.
 " Non, non et non ! " crie le garçon.
 " Calmez-vous, vous imaginez quoi ? " elle fait glisser (difficilement) 
            le caleçon du prisonnier.
 La situation est délicate ...
 " La peur vous excite dirait-on ... c'est parfait ! " analyse froidement 
            (mais avec doigté) la demoiselle aux yeux de chatte siamoise et à 
            la petite langue bien tendue.
 Li Tchi chuchote à son oreille (le contact de son nez froid l'électrise) 
            :
 " Vous vous demandez : quel nouvelle torture va t'elle encore inventer 
            ?
 Ou si c'est vrai tout ce qu'on raconte sur nous ... et notre fameuse 
            cruauté ? "
 " Le jardin des supplices ! " s'affole le garçon.
 |   " Non, ça c'est l'opium du 
        peuple, moi je vais très lentement vous découper en petits cubes ou en 
        fines lamelles, comme un chef sous hypnose ... vous avez le choix, mais 
        décidez-vous vite ! 
 
        
          | Bertrand transpire 
            tellement que la table en dégouline. " C'était juste pour rire, en fait, je ferais proprement de vous un 
            bel ennuque de salon, ensuite on mettra vos précieuses parties dans 
            un bocal* avec de jolis rubans ... hihihi ! "
 La mandarine tape 
            des mains puis se frotte le bout du nez d'excitation.
 |  | * bocal 
            : Il est conseillé de consommer (avec modération) un dé à coudre du 
            mélange mensuellement, c'est totalement répugnant mais si vous voulez 
            devenir tricentenaire, il faut l'avaler. Pensez à rajouter de l'eau.
 Sinon elles sêchent.
 |  " Entre les 
        deux, mon coeur balance, entre les deux, j'hésite un peu ... " Je plaisante encore ... mais 
        maintenant je ne plaisante plus : mon petit Biquet je vais vous faire 
        mourir ... de plaisir ! "" Oui, oui et oui ! " crie le 
        garçon.
 " Ne vous réjouissez pas trop vite, vous ne savez pas ce que c'est ... 
        je vais me préparer ... "
 Li Tchi sort laissant Bertrand tout seul et tout nu dans l'angoisse de 
        sa future et mortelle extase.
 
         
          | Une tenture se 
              soulève :
 " Alors Très honorable Monsieur Biquet on flippe, hihihi ! "
 Bertrand ne lui répond même pas.
 C'est malin de faire flipper un lapin ... pourquoi pas un dauphin 
              ! "
 La chinoise est revenue nue, sur son corps lisse était tatoué un 
              immense dragon noir.
 Elle poussait une petite table à roulettes sur laquelle était rangé 
              son jouissif matériel.
 L'ensemble de cors attaqua la Saint-Hubert.
 " C'est en votre honneur Hubert ! " criait Li Tchi car on ne s'entendait 
              plus.
 " Elle a vraiment de jolis dents " se dit Bertrand.
 La fille continuait ses étranges préparatifs avec des gestes rapides 
              et précis tout en lui tournant le dos, il voyait le dragon noir 
              bouger, s'étendre ou se contracter.
 Et les mignonnes petites fesses remuer au rythme de son activité 
              secrète.
  
 | 

 Grâce 
                aux miroirs qui les entourent, Bertrand ne perd rien du spectacle 
                vivant.Pour une fois qu'il est vraiment torturé (par quelqu'un d'autre 
                que lui même), il trouvait la chose fort bandante.
 " Dîtes donc, c'est la Tour Eiffel votre truc, tant mieux cela 
                me fera un souvenir de la France, du gai Paris hihihi ! " remarqua 
                sa future tortionnaire.
 
 |  Les cors retentirent à nouveau, 
        cette fois c'était bien l'hallali. Taïaut ! Taïaut !
 " Et après, c'est enfin la curée ? " demanda Bertrand qui se mourait déjà 
        d'impatience. "
 Bientôt, naïf lapin occidental, bientôt ... "
 Note  Le lapin blanc du Kamtchatka 
        a une vie très rude car sur place, il ne fait vraiment pas chaud. Pour lutter contre le froid mordant, il doit copuler sans cesse et, à 
        défaut de partenaires de son espèce, sauter sur tout les animaux qui se 
        présentent.
 Ce qui n'est pas sans présenter certains risques comme le prouvent scientifiquement 
        les documents ci-dessous.
 
  
 On n'en a 
        trop rapidement conclu que le lapin blanc était stupide ou avait la vue 
        bien basse. C'est parce qu'on ne sait pas ce que c'est d'avoir froid à ce point critique.
 D'où l'intérêt des gastronomes 
        chinois qui, passant rapidement de l'observation juste à la conclusion 
        fausse, en avait déduit une incroyable virilité chez ce petit et charmant 
        mammifère. Et donc, toujours par analogie, considéraient comme aphrodisiaques les 
        parties génitales du-dit lapin, ce qui conduisit rapidement à la disparition 
        de l'espèce dans son milieu naturel.
 
 Communiqué Suite à la publication 
        dans la presse locale d'une photographie de Bertrand couvert de mousse 
        blanche devant l'entrée de la société " Speed Fire ". Ses dirigeants nous ont confirmé qu'il s'agit d'une cérémonie très normale 
        visant à s'assurer un fan-Shue favorable à la prospérité de l'honorable 
        maison bien close.
 Sur la photo accompagnant le communiqué, prise curieusement sous la neige, 
        l'impénétrable Li Tchi tenait fermement le bras du directeur.
 Alors épouse ou concubine ?
 Comme quoi toute puissance est relative.
 
        
          |  | Aperçus 
                A Péligueux, 
              enlevez les vieux J'achère tout
 Et je m'en friche industrielle !
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