|  | ORIANE Le 27 mai à Persète-les-Bains
   
 Dans les 
        jardins du casino, oh,oh, oh !  Bertrand était à Persète-les-Bains, 
        allait-il en profiter pour boire de cette eau ferrugineuse si réputée 
        ? Pas sûr car il a d'autres préoccupations.
 Et d'abord ce goût désagréable dans sa bouche, il fonce dans la salle 
        de bains pour se laver les dents et verser de l'eau froide et calcaire 
        sur sa tête.
 Le garçon se rend compte, en s'essuyant le visage, que son image n'apparaît 
        plus dans le miroir.
 Souvenir ultime de Bonmautan et de ses suçotantes activités avec Mirlène.
 " Oh la la, voila une journée qui ne commence pas bien ! "
 Il s'assoit sur le trône, la tête lui tourne ... sa délicate situation 
        lui revient à l'esprit :
 " Où en sommes nous niveau finances ? "
 Il sort l'argent et fait ses comptes sur le coin du lit :
 " Pas besoin d'une calculette, 0 + 0 = la tête à Toto, soit presque rien 
        ... "
 Bertrand réfléchit ... comme il ne sort pas de Polytechnique, ça fume, 
        ça grince et il y a d'inquiétants grésillements, on a peur pour lui ... 
        soudain il se redresse :
 " Bon, à situation désespérée, solution désespérée, allons au casino ! 
        "
 Une solution simple, il jouait, il gagnait et quand il avait assez d'argent 
        (il ne s'était pas encore fixé de plafond), il revenait déposer ses gains 
        ici.
 Ce serait plus prudent de ne pas se promener avec une pareille somme.
 Bertrand se sentit de suite mieux, en sifflotant il arrange son unique 
        noeud, le papillon bien sûr.
 Puis il descend louer un beau smoking, bleu nuit avec des parements sombres 
        qui lui allait comme un gland ... un dernier coup d'oeil dans la glace 
        avant le départ : ouf, il s'y voyait à nouveau, c'était déjà ça, et quelle 
        élégance !
 
 
  
  " Alors Hubert, 
        de la Chatte ce soir ? " " Peut-être bien que oui ... peut-être bien que non ... "
 Le pauvre garçon 
        parle tout seul. Il ne peut résister à l'envie d'ajouter une fine moustache, 
        cette fois il se ressemble vraiment. Bertrand n'avait pas de pistolet en carbone extra-plat comme son illustre 
        modèle, il avait juste un portefeuille, extra-plat aussi.
 Une ultime vérification : avait-il changé de caleçon ?
 Oui, enfin !
  Alors direction 
        la bonne fortune !  
 Le casino 
        vu des fameux jardins, comme nous sommes hors-saison, les jets d'eau sont à l'arrêt.
 Le casino de Persète-les-Bains 
        était résolument post -moderne, c'est à dire qu'il était difficile de 
        savoir où était l'entrée.Et la sortie, mais c'est moins gênant.
 Parvenu à l'intérieur, Bertrand regarda un moment ce que faisaient les 
        autres avant de les imiter et de poser à son tour des jetons sur les tables.
 Complètement au hasard, c'est le jeu.
 
 
        
          | 
   | Ici pas 
            de bandits manchots et querelleurs, que du beau linge propre. |  
        
          | Tout le 
            gratin persétois s'était donné rendez-vous, tant mieux car Bertrand 
            en avait vraiment soupé du gratin dauphinois. |  |  Ici pas de bandits manchots 
        et querelleurs, que du beau linge propre.Le garçon perdit rapidement, mais avec détachement le peu d'argent qu'il 
        avait sûr lui, sans bien comprendre comment.
 Ni pourquoi.
 Tout ça l'intéressait très modérément mais il ne pouvait quitter la croupière* 
        des yeux.
 Son profil de médaille survolait le tapis vert tandis qu'avec des gestes 
        incroyablement précis elle comptait, poussait, rassemblait, séparait, 
        empilait les jetons colorés.
 * croupière : Quel joli 
        mot, un poème à lui tout seul.   Las !Bertrand avait encore perdu ...
 " Vous n'êtes pas en veine ! " compatit la déesse de la fortune.
 " Si j'ai beaucoup de veine ... de vous voir ! "
 Bien joué, quel baratineur !
 " Et de peine de devoir partir ... juste un petit moment ... "
 Le garçon 
        quitta la table pour retourner chercher de l'argent, quand il revint s'asseoir 
        avec une nouvelle poignée de morceaux de plastique, sa place était prise. 
        Occupée et bien occupée par un auguste popotin que surmontait une grande 
        femme, mince et naturellement hautaine.
 Bertrand fit tomber quelques jetons pour avoir le plaisir de les ramasser 
        en jetant un oeil sur les longues jambes de la dame :
 " Rien à dire, belle 
        qualité ... du premier choix !
 Avec la cheville aristocratique (à peine gonflée). "
 
 Lapin.Blanc.Rapide se releva, 
        remit son noeud d'aplomb et reprit aussitôt son badinage interrompu, délaissant 
        (à regrets) l'accorte croupière. Il se présenta :
 " Hubert Bonnisseur de la Chatte, pour vous servir ! " et il attrapa la 
        dextre menotte pour y taper un retentissant baise-main.
 Un sursaut, puis elle le détaille.
 " Enchantée, Oriane du Glandjollys ... vous, ... vous êtes parent avec 
        les de la Chatte du Poitou-Charente ? "
 
 
        
          |  | Les Beltouffe, une 
              histoire de cousins. Je confirme, on ne leur a pas tous coupé la 
              tête et ils ont continué de se copier-coller.  |  B : Par les femmes uniquement 
        ! O : Alors vous devez connaître les Beltouffe, lui est remarquâââble, 
        sa femme est une grue !
 B : Du Japon sans doute, avec ses petits yeux !
 O : Tiens c'est bizarre, Madeleine aurait les yeux bridés, je ne 
        m'en rappelais pas ... "
 B : Ce sont de vagues cousins ... Un silence, des anges chargés 
        de jetons passent à la caisse.
 O : Ma tante est une Beltouffe aussi !
 B : Ah bon ... et comment se porte t'elle ? "
 Elle est morte et enterrée 
        ... qu'importe ... si nous jouions un peu ! suggéra Oriane en posant devant 
        le garçon une pile de gros jetons, allez-y, s'il vous plait, cela m'ennuie 
        tellement ... "
 Au moins ils étaient deux. 
        Bertrand continua de jouer, et de perdre, avec constance et sans passion.
 " Vous ne devez pas jouer souvent, vous faites n'importe quoi ! " remarqua 
        Oriane sans passion non plus.
 " C'est que je joue à autre chose ! " répondit le garçon perdu.
 " Voyez vous ça ! " elle le regarda avec curiosité*.
 * curiosité : Ce qui chez 
        les Beltouffe est déjà la marque de la plus haute estime possible.  
 Du Glandjollys 
        et de la Chatte : deux joueurs impertinents. " Bonnisseur de la Chatte, 
        dîtes-vous ... curieux nom, enfin j'avais bien un cousin qui s'appelait 
        Bienaimé de la Fente, un pauvre garçon ... "" Mais un bien joli nom ! " réagit soudainement Bertrand qui tenait à 
        changer de sujet.
 " Cependant je préfère les Beltouffe ... comme vous ! " continua t'il 
        encore en fronçant* les sourcils.
 * fronçant : Un truc de 
        séducteur.   Et voila, à force de le penser, 
        il avait fini par le dire, Madame ne releva pas. A cet instant le genou de Bertrand frôla son homologue aristocratique, 
        qui, d'abord surpris, revint s'appuyer contre son articulation tremblante, 
        sa synovie* agitée.
 * synovie : 
        Ah que vienne le temps des épanchements, vite !  
 
        
          | 
 Les 
              fâcheux arrivants.   | Oriane sursauta : " Oh cet andouille 
              d'Yponomeute du Pommier et Zeuzère la coquette, encore une Beltouffe, 
              vous debriez les connaître, les voila ... cachez-moi Hubert, par 
              pitié ! "
 Elle se glissa derrière lui et ce faisant, sa longue cuisse vint 
              se caler contre celle du garçon qui n'en demandait pas mieux, et 
              n'en espérait pas tant.
 Son noeud (papillon) commençait à le gêner.
 
 " Tréponème et cette petite cruche de Syphillis ... la robe est 
              jolie, tiens Erysipèle, décidemment ils se sont tous donné le mot, 
              restez bien devant moi surtout ... comme elle a grossi, une vraie 
              pantoufle ... c'est bizarre, je les croyais à Montrouville ? ... 
              "
 C'est un défilé, un rassemblement, un raout, et de quelle noblesse 
              ... on ne les a donc pas tous guillotinés, tant mieux !
 " Le baron Anpain d'Epice et la duchesse du Pâté-Encroute ...
 " Plus quelques héritiers style fin de race en ordre décroissant, 
              les brioches sont derrière attendant l'ordre de reproduction (à 
              l'identique si possible).
 
 
   |  
        
          | " Ce pauvre Erogène, 
              il a des cornes si grandes qu'il ne passe même plus sous l'arche 
              de la Défense ... "  Décidemment cette duchesse 
              était une vraie peste, mais rigolote.  Oriane était contre lui 
              mais il n'était pas contre elle, du tout.Pendant ce temps le croupier ramassait les mises avec son petit 
              râteau.
 " Je ferais mieux de lui donner directement ! " songeait Bertrand 
              pragmatique et maintenant pressé.
 Valet, mais de coeur et dame de trèfle, un joli jeu !
 |  |   " Encore perdu, c'est merveilleux, nous allons bientôt pouvoir partir 
        d'ici où il fait si chaud ... " dit Oriane en s'éventant avec sa main 
        gantée.
 Le " nous " fit du bien au 
        coeur meurtri de Bertrand, il aurait aimé partir de suite mais c'est elle 
        qui tenait la banque. D'ailleurs Oriane continuait de l'approvisionner en petites plaquettes 
        colorées avec régularité.
 " Vous n'avez vraiment pas de chance, vous ! " finit-elle par lui dire 
        distraitement au bout d'une heure.
 " Malheureux au jeu, heureux en amour ... " répondit Bertrand en fixant 
        furieusement Oriane du Glandjollys.
 Rebien joué garçon, tu l'as placée juste au bon moment.
 Bertrand modeste :
 " Entre nous je n'ai aucun mérite, je la préparais depuis le début."
 
 Jeux de mains 
        nerveuses ce soir. La grande dame fit un signe, 
        le chauffeur partit chercher ses affaires. Dans le hall d'entrée Oriane fit la folle un moment, visiblement elle 
        se fichait de se faire remarquer ou de sembler excentrique*.
 * excentrique : D''habitude 
        le lapin joueur préfère les con-centriques (mais sans trique du tout, 
        rien à faire).  
        
          | Lapin.Blanc.Rapide 
              se mit au diapason, avec la pédale douce car lui il craignait de 
              trop attirer l'attention.Il avait maintenant bon espoir de sauter la banque et de devenir 
              ainsi l'ami public numéro un.
 Ou deux, ou trois, qu'importe, l'important c'est la reconnaissance 
              d'Odette (pardon, d'Oriane).
 Réflexions 
              croisées  W.S.R 
              : " J'ai menti. Je ne suis qu'un salaud et tu ne devrais pas me pardonner 
              ça. "
 Oriane 
              :" Idiot, tu sais que c'est déjà fait ! "
  " A tout de suite ... 
              Hubert ! " lui dit la dame en lui pressant les doigts. Bertrand descendit dans les jardins se dégourdir les jambes.
 " Mon noeud est trop serré, ça me gratte ... "
 " I'm just a gigolo ! " jouait Mélodius Tonk, le pianiste décalé 
              du casino.
 
 |  |  Quelques pas lourds sur le 
        gravier, le chauffeur était devant lui. L'attelage était avancé, si monsieur de la Chatte voulait s'en donner 
        la joie*.
 Il le voulait super bien ... mais il avait perdu sa moustache.
 A la roulette sans doute.
 * joie : Bien sûr, pourquoi 
        tant de peine ?  
         
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 | Aperçus 
               Le 27, jour 
              d'inspiration  Je parle 
              (et surtout j'écris !) le conéiformeLa langue des connes
 Le cul né difforme a bien du malheur
 A Persète-les-Bains turquent
 Pardon, truquent
 Et banco, ça bande illico !
   Curieux 
              texte, rendez-vous tous le 27 juin pour une nouvelle éclipse (pardon, 
              ellipse) popoétique. . 
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