RECAPITULONS
Le reste de l'année à Donffe*

* Donffe : Son habituelle résidence dans l'Ain visible.

Bertrand est dans le rapide* qui le ramène à Donffe.

* rapide : Toujours trop vite, il aurait aimé prendre une diligence mais il n'y en avait plus.

La nuit est tombée et à travers les vitres on n'aperçoit plus que des lumières qui défilent et disparaissent.
Il se sent beaucoup plus calme depuis sa " révélation " rompizanaise, ce voyage démentiel n'aura donc pas été inutile.
Pris d'une envie subite, il décide de composer une poésie en hommage aux dames, il prend son stylo et écrit ceci d'un jet court :

Méditation crépusculaire

 

" J'aime les femmes d'intérieur, de ménage, libérées, faciles, fortes, compliquées, les femmes-soldats, à lunettes, sérieuses, les femmes noires, ou blanches, les femmes-fontaines, les femmes de chambre, désespérées, séduites, givrées (un peu), les femmes-fleurs, soldats, de devoir ou simplement frigides. "

 

" J'aime bien les femmes de tête, les saintes femmes, les femmes fragiles, dévouées, sensuelles, les femmes à poil, à barbe (je ne peux pas dire), les femmes de marin, adultères, travailleuses, élégantes, les femmes-panthères ou pilotes de chasse, j'aimerais les femmes vertes, oranges ou bleues, si elles existaient. "

 

" J'aime aussi beaucoup les femmes des autres, les femmes-objets, les femmes fatales, légères, de mauvaise vie, au foyer, les femmes d'affaires, les maîtresses-femmes,

les petites femmes, les grandes aussi, les femmes sentimentales, prudes, maternelles, timides, infidéles ou amoureuses ... "

Il faudrait à Bertrand une deuxième vie pour toutes les aimer ... une troisième et ce serait parfait ...
Peut-être encore un peu juste ?

Récapitulons : Bertrand revient à son point de départ qui, pour tout ce qui concerne la femme, reste un point d'interrogation.


Il n'est guère plus avancé mais c'est normal, dans ce genre d'histoires il est nécessaire de comprendre trop tard, sinon rien n'est possible.
Surtout pas l'amour.
Qui est enfant de poèmes et n'a jamais connu de roi.

C'était une lettre ouverte aux femmes timbrées, il est grand temps de se l'envoyer.

 

Comme elles ne sont pas (toujours) rancunières, les femmes de cette histoire offrent à Bertrand deux belles oreilles dorées.

Afin qu'il les écoute ... mais cet âne ne voit toujours rien venir.

Se reposant sur ses deux esgourdes toutes neuves, Bertrand s'assouplit (pardon s'assoupit), enfin.

 

ANNEXE TENSIBLE

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Jean Culle au bord de la mer.

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L'évolution, son évolution et la révolution en cours.
" Dans l'évolution, l'important c'est le fonctionnement ! "
Telle est la proposition centrale de Jean Culle, le grand philosophe.
A partir de là*, il a développé une bizarre théorie que toutes les expériences sensées, les résultats logiques et les analyses froides contredisent.

Mais ça ne décourage pas notre agitateur qui adore la polémique.

Et les girafes qu'il a pris comme exemple.
Comme on l'a souvent prétendu, le cou des girafes se serait peu à peu allongé afin d'atteindre la cime des arbres et pouvoir manger ce qui était hors de portée des autres herbivores.

 

Donc, affirme Jean Culle, le sexe de l'homme, dans sa continuelle et obsédante tension vers celui de la femme devrait s'allonger de plus en plus.
Suivant ses calculs, il devait atteindre 78 cm en 205O et plus d'un mètre au tournant du prochain siècle.
Ce qui est quand même étonnant, sinon fantaisiste.
D'autres calculs sont moins alarmistes.
Des scientifiques se penchent ... sur la question ?
Avec un mètre.
En partant à l'heure du même principe, notre hardi penseur a réussi à pousser son bouchon un peu plus loin : l'amour contribuerait ainsi largement au développement de notre intelligence.
Les insolubles, et souvent incompréhensibles, problèmes que posent aux êtres humains leur sexualité les obligent en permanence à y réfléchir pour tenter de s'y adapter, cela stimule donc leur activité mentale devenue incessante voire insomniaque.
Après il faut trier car il y a de tout.
" Tu veux ou tu veux pas ? " cette simple question leur aurait fait gagner à elle toute seule de précieux centimètres-cubes de matière grise, rose ou noire.

Un intervenant, de loin :
" Mais monsieur Jean Culle, si les femmes ont un cerveau (légèrement) plus petit que celui des hommes, serait-ce parce qu'elles pensent moins au sexe ? "
" Je ne crois pas ... et tout nous prouve le contraire ! " répond le philosophe, la main dans sa braguette, il poursuit son idée jusque dans ses derniéres circonvolutions.

" Mais elles y pensent de façon plus pragmatique, sans perdre du temps et de l'énergie à élaborer des systèmes idéaux et invivables, à définir des normes de comportement ou établir d'inutiles (et toujours incomplètes) classifications.
Et si il y a un domaine où la théorie ne sert à rien, c'est bien celui là.
Les vrais séducteurs doivent donc être d'une souplesse à toute épreuve et dépourvus de tout sens moral (qu'en feraient-ils ?).
Tels les caméléons, ils ne sont que pure réactivité.
Bertrand étant un cas limite car il continue de se poser (pas souvent, heureusement pour lui) la fatidique question : pourquoi ?
En amour le " pourquoi ? " n'existe pas, c'est uniquement le " comment ? " qui compte.
Les femmes l'ont compris depuis longtemps vue leur préhistorique situation.
Vouloir découvrir (ou donner un sens) est une prétention de dominants, les dominées* ont d'autres soucis. "

* dominées : Ne l'étant plus (ou moins) dans certains coins de la planète, elles devront à leur tour fournir leur quote-part d'élucubrations.

Et Jean Culle d'enfoncer le clou :
" Comme les autres êtres vivants, nous sommes sur terre pour nous reproduire et perpétuer l'espèce, à tout prix et souvent dans un énorme gâchis car la nature calcule large.
Nous autres survivants serions bien mal placés pour le lui reprocher.
Donc nous avançons sur des cadavres.
Juger cela d'un point de vue idéaliste ou transcendant est idiot, mais respectable.
Certains s'obstinent et se condamnent à vouloir comprendre, qu'ils ne viennent pas se plaindre ! "
" Cher grand homme, on a parfois du mal à vous suivre tant vous allez vite ! " gémit un disciple qui n'arrive pas à prendre des notes.
" Vous n'avez qu'à pas le faire, dégoûtant naïf !
Mais toute cette excitation cérébrale dépensée n'est pas pour autant inutile.
Le cerveau ne s'usant que si on ne s'en sert pas, cette activité est en fait indispensable, c'est elle qui fournit éléments et matériaux nécessaires à la construction des fragiles échafaudages sur lesquels notre vacillante pensée se risquera ... ou pas."


" C'est donc juste un problème électrique ? "
" Noeuds rones et connes aixions, si napses bien entendu ! " reprend le maître à qui l'obscurité va à ravir.
Laissons-lui le mot de la fin :
" Mesdames, vous nous prenez la tête en permanence, soyez-en remerciées car grâce à vous, elle est devenue beaucoup plus grosse !."
Seulement la tête ?

A donffe.

 
 

Conclusion

Profitons de sa pseudo-science pour demander au grand philosophe son avis (et son diagnostic) sur Bertrand Biquet.
" Son cas est malheureusement désespéré car ce garçon est incapable de reconnaître une femme d'une autre.
Elle ne font que se superposer dans son cerveau gras, la dernière apparition recouvrant les précédentes en un mille-feuille, parfumé certes, mais inextriquable (pardon, inextricable).
Donc, quels que soient vos efforts, vous finirez inévitablement dans la pile, dessus d'abord, dessous ensuite.
On peut, en faisant semblant d'être une autre (ou en étant amoureuse, et donc obstnée) revenir sur le devant de sa scène mais le processus recommencera.
C'est une forme très curieuse d'amnésie sentimentale.

Loin des yeux, loin du coeur dit-on, ça n'a jamais été aussi vrai ; pour rester présente à son esprit il faudrait pouvoir l'isoler complètement, rester en permanence devant lui comme une maman zèbre (?) tout en tenant les autres femmes à distance.
Tout en veillant à son petit égo, ce qui paraît bien compliqué ... "

" Merci maître pour cette analyse fort pénétrante ! "
" De rien, tout le plaisir était pour moi ... comme d'habitude. "

 

 
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