|  | SENORITA 
        CASTAGNETTA Le 25 mai à Povrebouc
   
        
          |  | Réflexions 
              croisées  Bertrand 
              : " Si tu as besoin d'aide ... "
 Senorita 
              Castagnetta : " Ce doit être une bonne nouvelle, vu ton air ! "
   A Povrebouc, quel 
              pas de deux ! Povrebouc est situé tout 
              près de la frontière espagnole, il est donc normal d'y croiser beaucoup 
              d'ibériques, en boléros et mantilles. " Chic, j'aimais déjà les étrangères quand j'étais un petit enfant 
              ! " se disait Bertrand pour se consoler en sortant de la gendarmerie* 
              où il avait passé (et perdu) toute sa matinée.
 * gendarmerie 
              : Bertrand s'y était platement excusé (de quoi ?), Louise avait 
              reconnu qu'elle regardait trop la télévision, et avait besoin de 
              repos.  |  Ce fût tout pour ce procès-verbal. 
        A part ça la célébrité lui allait bien, Lapin.Blanc.Rapide lui en fit 
        compliment et ils se quittèrent en se faisant la bise.
 Devant les caméras.
 
        
          |  | Sur les marches du palais 
              (de justice), Bertrand et Louise se partagent équitablement les 
              faveurs du public. Lapin.Blanc.Rapide est surpris de sa réputation grandissante de 
              prédateur sexuel, et encore plus étonné de la popularité qui l'accompagne, 
              certaines des assistantes le fixant d'un regard aussi trouble que 
              son avocate, (un vrai ténor* du barreau, entre nous soit dit).
  * ténor : Plutôt 
              soprano, alto contrefaçon.  |  
         
          |     | Encore plus étrange, 
              un comité de soutien au Lapin.Blanc.Rapide s'était spontanément 
              constitué et ses membres attendaient dans le hall pour manifester 
              ... leur soutien* justement :" Courage Lapin 
              blanc ! " lui crient-ils en tapant des pattes en cadence sur les 
              parquets cirés.
 Bertrand leur fait un petit signe de gratitude au passage en levant 
              bien haut son médius.
 * soutien : Les seuls 
              soutiens dont il ait vraiment besoin sont les soutiens-gorges, de 
              toutes tailles.  |  |  
        
          |  | Puis il  
              s'était alors empressé de quitter Barnonne et son cirque pour prendre 
              une bouffée d'air chaud et hispanique. Le soleil tapait dur et sur la promenade on allait et venait avec 
              nonchalance.
 Avec son sparadrap sur la joue, le garçon avait fière allure, il 
              s'était coiffé d'un large sombrero, seul couvre-chef disponible 
              à Povrebouc en cette saison touristique.
 Olé, un vrai caballero !
 Une senorita venait de dépasser Bertrand, atrocement cambrée et 
              roulant des castagnettes.
 Le garçon lui fit une mouilleta*avant de lui tourner autour en gloussant 
              comme un dindon.
  * mouilleta : Tour 
              de passe-passe tauro-machique.      La fameuse mouilleta, 
              c'est un peu olé-olé comme danse ! |  Bertrand était en pleine parade 
        amoureuse quand il sentit une main ferme lui prendre l'avant-bras. Un hidalgo au regard noir, le fixait avec une anormale intensité.
 Don Diégo Lope de la Bodega était habituellement déjà ivre, donc inoffensif, 
        à cette heure, manque de chance ce matin il s'était levé tard afin d'accompagner 
        sa nièce Lolita Térésa, la pétulante andalouse, faire ses courses.
 
 Stupéfacion 
        y fascinacion !  Il se tenait devant Bertrand, 
        écumant de colère, il parvint quand même à lui dire entre deux rictus 
        assassins : " Senor Biquet, voila mon gant, ce soir à 17 heures, rendez-vous sous 
        les arcades pour un duel à l'ancienne, je vous y tuerais avec le plus 
        grand plaisir, bien le bonjour ... "
 Il claqua des talons, tapa plusieurs fois du pied (comme un lapin) et 
        disparut.
 " Putin, quelle histoire ... " s'inquiétait le garçon.
 " ... tout ça pour ces beaux yeux ! "
 Il pouvait quitter Povrebouc 
        de suite et l'affaire était close. " Quitte à passer pour un dégonflé, aucune importance, ce sont leurs coutumes, 
        pas les miennes ! "
 Ce qui le dérangeait vraiment, c'était de ne plus revoir la senorita Castagnetta 
        à la taille souple et aux yeux noirs.
 Il resterait donc, il avait quelques heures pour trouver une parade et 
        décida d'aller voir une corrida pour se détendre, et s'occuper l'esprit.
 Ce n'était pas une bonne idée car la vue des pauvres bêtes martyrisées 
        et tout le sang répandu lui rappelait sans cesse sa prochaine et fatale 
        échéance.
 Nombreux rasets pour l'obtention des glands.
 
 
        
          | Bertrand s'imaginait, 
              comme ce bovidé stressé et baveux, coincé au fond d'une impasse 
              tandis que Don Diégo Lope de la Bodega préparait sournoisement son 
              coup de grâce, sa mise à mort derrière la grande cape rouge. Sort du pétard, 7 Carmen plus rentrée.
 Le lapin 
              terrorisé n'y comprend rien, le taureau non plus qui court dans 
              tous les sens en cherchant la sortie.  .  " Eh senor, el sombero, 
              el sombrero ! " criaient ses proches voisins, Lapin.Blanc.Rapide 
              comprit enfin qu'on lui demandait d'enlever son immense chapeau 
              qui bouchait la vue à tout le monde. Ce qu'il fit avec prestance.
 |  |   Les rubans s'envolent en moins 
        d'une minute. " Olé ! " crièrent les assistants exaltés.
 On était en train de couper les deux oreilles de la bestiole enfin morte, 
        il n'en pouvait plus et ressortit de l'arène blème.
 Attaqué sans répit pour la première ficelle, il conserve ses pompons.
 " Pfou, quelle corrida ! " souffla Bertrand avant de se rendre aux abattoirs.
 Etait-il devenu sanguinaire à son tour ?
 Non, mais ce bizarre spectacle lui avait donné des idées pour le reste 
        de l'après-midi.
 Et des cauchemars pour le restant de ses jours.
 
 
        
          | 
   | Il ressortit avec deux 
              seaux pleins d'un épais liquide rouge qu'il ramena péniblement à 
              l'hôtel. Comme les récipients étaient remplis à ras bord, il répandit une 
              partie du contenu dans les escaliers, car il était pressé :
 " Dépéchons nous, avant que ça coagule ! "
 Il était 16H28, il avait une demie-heure pour tout préparer avant 
              d'aller à son fatal rendez-vous.
 
   Altercacion |  
        
          | A 16H47, Bertrand ressortait 
              de l'hôtel, il avait doublé de volume. A 16H58, il arrivait sur la promenade et à 17H01 il était mort, 
              gisant dans une immense 
              flaque de sang noirâtre.
   Assassinacion |  |  
        
          |  | L'irascible hidalgo s'éloignait 
              en zigzags tout essuyant son épée rougie. " L'honneur est sauf, ça y est ?
 Bon, passons maintenant aux choses sérieuses ... " se disait Bertrand 
              ressuscité :
 " Avant tout prendre une bonne douche, avec la chaleur ça commence 
              à sentir fort ..."
   Simulacion  |   Il devait pour se faire retourner 
        à l'hôtel, il jeta dans un bosquet ses vêtements souillés et revint en 
        caleçons, sombrero et petites foulées jusqu'à sa chambre. Lolita Térésa était devant sa porte, la jeune andalouse s'éventait nerveusement 
        :
 " Il est bizarre votre hôtel, il y a du sang partout ! " remarqua t'elle 
        simplement.
 
        
          |  | Quelle apparicion 
            ! Mucha gracias !
 |   Son coeur de pierres précieuses 
        avait eu un (léger) pincement quand elle avait vu Bertrand allongé sur 
        la promenade et baignant dans le plasma, elle venait prendre des nouvelles 
        du sombre héros et s'étonnait un peu de le voir en si bonne forme. " C'est grâce à ma médaille de Saint Pélican, il m'a protégé ! " improvisa 
        le duelliste essouflé.
 " Moi aussi, j'ai une médaille, c'est mon arrière-arrière-arrière grand-tante, 
        Carmen Tortilla y Croupion ! " répliqua la senorita en s'inclinant, le 
        buste en avant.
 Entre ses seins comme deux pigeons, dans le vertigineux sillon, tressautait 
        l'image vénérée, Bertrand se pencha pour mieux contempler le bijou.
 " Carambar ! " s'exclama le caballero émoustillé.
 
 Lolita lui fit 
        " una tortilla* " d'anthologie, quelle séducion !   * tortilla 
        : Tortiller du croupion (en espagnol), souvent on le mange après.    
         
          |  | On commençait une hola, 
              Bertand y mit le hola en criant " Ola* ! "  * " Ola ! " : Notre 
              Bonjour ! " Olé ! " c'est uniquement quand on s'adresse à un taureau. C'était le moment de 
              la sérénade, il fallait vite accorder leurs deux guitares.La sienne étant 
              toujours d'accord, notre lapin d'au delà des Pyrénées en joua ; 
              peu, car cela lui faisait mal aux doigts ainsi qu'aux délicates 
              oreilles de la demoiselle.
 " Aie, aie, aie ... "
 Que lui chante t'il ?
 
 |  |  Nous n'en saurons 
        rien car c'était tout en espagnol. Mais cela fit son effet car la senorita se lança alors dans une folle 
        improvisacion.
 D'où une grande fascinacion.
 
 
 
        
          |  " Elle remue bien les 
              nichons ! " remarqua Bertrand que tout ce folklore échauffait, il 
              avait des envies de pénétracion dans son coraçon ... et muy calor 
              dans son caleçon, un peu de discrécion ! Ils ne pouvaient pas rester comme ça sur le palier, il lui offrit 
              donc bien volontiers, et fort gracieusement, l'hospitalité :
 " Mais entrez donc belle senorita, vous prendrez bien une douche 
              ou ... une citronnade peut-être ? "
 " Les deux ! " 
              répondit Lolita Térésa en lui donnant un léger coup d'éventail sur 
              le nez.
 Après toute cette violence était enfin venu le temps de l'amour.
   A l'espagnolette*, 
              car cette curieuse andalouse craignait fort le soleil.
 |  |   * espagnolette : L'amour 
        à l'espagnolette est une question d'ouverture ... d'esprit, si vous voulez. 
         Comme la senorita voulait à 
        tout prix garder sa virginité (en souvenir ?), ils trouvèrent une autre 
        solution toute aussi satisfaisante. Sombre Eros.
 
 
        
          | Un oeil noir 
            le regarde, c'est le moment de donner l'estocade, nu en habit de lumière. " Si tu ne m'aimes pas, je t'aime ! " lui dit bizarrement Lolita.
 Bertrand rit sous sa cape, il prépare soigneusement le coup dit " 
            de grâce ", celui qui vous emmène droit à la petite mort si douce.
 |  | " Mais si 
            je t'aime prends garde à moi ! " De toutes les façons, il faut toujours un bourreau et une victime 
            pour que ça marche, les deux fonctions étant interchangeables à volonté.
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          |  |  Aperçus A Povrebouc 
              que de pauvres boucs !Des caprins donc
 Obstinés et pathétiques
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