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FEMME (Journée
de la)
Le 31 avril à Pubisse
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En l'honneur de cette
journée, et surtout de toutes celles partout déshonnorées, Bertrand
a décidé de commencer un album célébrationnel.
Mais pas commémoratif.
Nous sommes le 31 avril
et c'est " La Journée de la Femme ".
Et cela agace Bertrand car pour lui, c'est tous les jours la journée
de les femmes.
Même (et surtout) les jours fériés.
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Mais il ne veut pas casser
l'ambiance et décide de se joindre aux réjouissances.
Un moment.
Il se met donc de suite en quète d'une grande et potentielle foufoune
...
Depuis l'antiquité Pubisse
fût rasée plusieurs fois, comme l'atteste de récentes fouilles.
Une dernière fois lors
des durs combats de la libération*, et piler devrait-on dire.
La cité martyre a donc eu bien du mal à s'agrandir.
* libération : De
la femme ?
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Le garçon tourne dans
la petite ville à la recherche de l'objet adéquat, grand, plat et
assez léger.
Comme il a de la chance, il trouva rapidement aux abords d'une pompe
à essence un grand panneau pubissitaire qu'il décrocha discrètement.
Il prit quelques risques
mais il voulait trop célébrer, lui aussi.
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Il avait le support, que faire
avec la surface déjà peinte ?
La recouvrir de peinture rose bonbon* fût rapidement réalisé
par un lapin blans agile devenu pink à la fin de l'opération
* bonbon : Rose.
La bannière
improvisée, elle a fière allure.
Dessiner (de mémoire d'homme)
un sexe féminin, ni schématique, ni symétrique, ni schismatique*, une
foufoune aussi " naturelle " que dans la nature.
Comme une source* pure.
* schismatique : Est-ce
vraiment le bon mot ?
Et le bon lieu ?
* source : C'est très beau.
C'est de moi.
Ensuite lui attaché une longue
ficelle et le jour est toué (c'est du patois).
Une fois bien accroché le cert-volant sexué, Bertrand grimpe dans son
véhicule et remonte à vive allure la rue principale de Pubisse (c'est
vite fait) en criant très fort par les vitres ouvertes :
" Lyonnaises, des eaux !
Lyonnaises*, des eaux ! "
Tout en actionnant son lave-glaces en rythme et en secouant ses oreilles
tachées de rose, quelle performance !
Les pubissois
sous le choc.
Entraînée par la vitesse, l'aérienne
foufoune flotte en ondulant devant les pubissiens ébahis.
C'est si merveilleux que Lapin.Blanc.Rapide décide de remonter la rue
dans l'autre sens, au retour on lui jette gentiment des petites touffes*
dans sa voiture.
Il est populaire, et il aime ça.
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* touffes
: Spécialité locale, la touffe est légère, craquante et duveteuse
par endroits.
On
la suce mais on ne la croque pas, sinon c'est trop fort.
Une variante à quatre roues motrices existe, la " touffe-touffe
" uniquement réservée aux jours de fête.
Et s'en est un.
Pour Noël, on
en confectionne d'énormes, garnies de petites croix en sucre
candide :
" les touffe-chrétiens ", on ne les finit jamais (c'est une
tradition*).
* tradition
: Bertrand respecte surtout les craditions*, même les plus
dégoûtantes.
Mais il ne s'y con-forme pas.
* cradition
: Sale tradition.
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Des " touffe-chrétiens
" comme s'il en pleuvait à verse.
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Face à la réalité sociale,
sa position préférée est donc un conformisme de façade ravalée, critique
et moqueur.
Avec une petite touffe de couleur pour faire joli.
Il fait un autre allez-et-retour célébrationnel.
Ceci étant fait (et bien fait) Bertrand décida de s'organiser une cérémonie
plus intime, plus personnelle et surtout, plus discrète.
L'éternel féminin
se répand voluptueusent dans les rues.
Il faisait (leur ?) fête quotidiennement
aux représentantes du beau sexe faible, l'extraordinaire, l'exeptionnel
con-sisterait donc à s'en abstenir, à s'en priver volontairement, aujourd'hui.
Et ce serait un vrai sacrifice ...
Il consulta sa montre, elle était d'accord.
Il
commence à avoir des hallus, nettes.
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A partir de cet intant
précis commença pour Bertrand la journée " sans " la femme, il était
1OH28.
Elle promettait d'être longue.
Qu'allait-il bien pouvoir
faire de tout ce temps devenu subitement libre, et vacant ?
Il pourrait en profiter pour travailler un peu, rappeler d'éventuels
clients ... ou gérer le stock.
" Aujourd'hui peut-être, peut-être demain ? " chantonna le garçon
en s'étirant.
Puis il va faire caca* et part se promener pour se changer les idées
en suçant quelques touffes.
Mais on ne change pas d'idées aussi facilement, surtout quand on
n'en a qu'une.
C'est l'inconvénient de la monomanie.
* caca : Décidément
on saura tout car il ne nous cache rien.
Oui, mais il nous épargne les détails.
Et puis c'est dans le feu de la non-action !
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Au quotidien il ne s'occupait
que d'elles pouvant même, dans le souci qu'il avait de leur être
agréable, s'occuper de ce qui ne le regardait pas.
" Psittt mademoiselle, vous avez oublié votre soutien-gorge .....
ah, c'est fait exprès, excusez-moi ! "
Le garçon marchait le
nez baissé, les yeux au sol et les mains dans le dos en s'efforçant
de ne penser à rien.
De ne rien voir, et de ne rien sentir, surtout pas une femme* !
* femme : " Taisez-vous,
ne prononcez pas ce mot, ça lui fait trop mal ! " intervient l'assistant
médical qui suit l'expérience en direct.
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Evidemment
dans son autisme volontaire et jusque dans sa privation sensorielle,
il ne pensait qu'à ça.
Il essaya d'intéresser son esprit à d'autres choses, l'histoire
récente de Pubisse par exemple, ou la secrète fabrication des
touffes ?
Bertrand avait du mal à se concentrer (les effets du manque, déjà
?), il présentait quelques curieux symptômes : sueur tiède, pieds
fiévreux et tout le tremblement.
Il en eut vite assez.
A midi et 13 minutes, Lapin.Blanc.Rapide constata l'inutilité
de ses efforts, et déclara l'expérience terminée.
La journée " sans " la femme était close.
C'était très bien, merci de mon attention !
Ses oeillères enlevées, tout alla beaucoup mieux.
Il redécouvrait Pubisse, ses voitures, ses maisons, ses commerces,
ses parkings et ses habitants.
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Les
filles sont de sortie,
elles courent de partout, profitons-en !
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Et surtout ses habitantes,
les affriolantes pubissoises con (pardon, qu'on) aurait dit sur
leur 31*.
Pomponnées et parfumées
à l'envie, elles profitaient de cette journée promotionnelle et
du beau soleil pour nous faire découvrir ce qu'elles avaient de
plus beau.
Plus quelques nouveautés (de Paris ?).
Quel joli déballage, et quelles marchandises !
Normal, ce n'est pas tous les jours leur fête.
* 31 : Leur département,
moi cest le 69 que je préfère car l'atmosphère y est disons ...
tempérée.
Demain il serait à Apaux
pour le premier mai, d'ici là, quartier libre.
Ou quartier chaud ?
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Moralité
douteuse
Bertrand est donc un
conformiste anti-conformiste, situation délicate, sur le fil du
rasoir jetable.
Il a surtout, comme une sorte d'hygiène dialectique, l'esprit de
contradiction.
Par principe donc mais aussi par pur plaisir car il adore (jusqu'à
son vertige) dire et penser le contraire des autres.
Juste pour changer les idées.
Il n'est pas pour autant révolutionnaire car s'il pouvait transformer
le monde, il ne saurait pas quoi mettre à la place.
" Pourtant c'est assez ignoble ce qui s'y passe en permanence !
" intervient un révolté du Bounty*.
" Oui, mais que
voulez-vous que j'y fesse (pardon, fasse) ?
Je ne suis qu'un petit lapin de rien du tout ... "
* Bounty : C'est une
classe d'âge, après ça se calme. La révolte.
C'est
la fin du mois d'avril,
récapitulons un peu !
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Mais voila ce
que voit un pauvre lapin de rien du tout par le petit bout de sa lorgnette
... ce n'est déjà pas si mal.
Au ras du sol, les oreilles repliées il s'approche par petits bonds furtifs.
Et s'il lève
les yeux, il arrive ... oh, ciel !
C'est son firmament, sa voute céleste, son inaccessible étoile, son
... belvédère !
Et il n'est pas prêt de changer de point de vue. |
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Le rongeur observe aussi une minute de silence. Tic-tac-tic-tac-tic-tac
...
Les célébrations sont maintenant terminées, ne soyons pas tristes
et à l'année prochaine !
Si vous le valez bien (pardon, le voulez bien). |
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Aperçus
A Pubisse,
des poils partout
On s'est découvert d'un bon fil
Du rasoir
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