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Impossible d'aller
en Corse sans parler de la vendetta, enfin c'est ce que je croyais. Dans
le taxi qui me conduisait à Sant' Antonino, je demandais au chauffeur
ce qu'il en pensait, sa réponse me surprit :
« Qui c'est celle là ? » demanda t'il.
Ce qui prouve bien que les traditions se perdent.
Enfin à Sant' Antonino, j'allais pouvoir rencontrer quelqu'un qui pourrait
m'en parler; monsieur Mériméoni, l'homme le plus menacé de l'île de beauté.
Réfugié depuis 35 ans dans sa maison-forteresse (voir photographie de
gauche ), il attend. Il attend quoi ? me direz-vous. Nous avons décidé
de lui poser la question, et ce ne fût pas simple. Après avoir franchi
les différents postes de gardes, zigzagué entre les barbelés et les champs
de mines; un étroit escalier nous permit de descendre dans une ancienne
casemate italienne où nous nous retrouvâmes en face de monsieur Mériméoni.
Il n'était pas frais, dévoré par l'angoisse, miné par les anti-dépressseurs
qu'il avalait par poignées, il transpirait abondemment et sursautait au
moindre bruit.
Cependant il accepta de nous raconter ,entre deux alertes, la terrible
histoire de la vendetta familiale. Les faits se seraient déroulés au moment
de la chute de l'Empire (lequel ?) et le temps écoulé depuis à quelque
peu brouillé les mémoires et mélangé les dates, les lieux et les différents
protagonistes.
Voici, en tout cas ce que le vieil homme pût nous en dire : « La belle
Julietta L.* est enlevée puis déshonorée par Roméo M. avec l'aide du cousin
de celui-ci .Apprenant celà, le jeune frère de Julietta, Pasquale, tue
sa soeur, Roméo, le cousin de Roméo et pour faire bonne mesure son oncle
par alliance. Fureur du clan M. qui décide immédiatement de se venger
de Pasquale L. en tuant son chien de chasse favori, son sanglier apprivoisé
et sa grand- mère.
Bonaparte, un jeune voyou du clan des N. allié des L., se lance à la poursuite
des assassins et tire dans le tas. Malheureusement ces balles vengeresses
tue un innocent qui passait par là, revenant avec son cousin d'une vendetta
dans le village voisin. Du coup la vendetta se retourne et c'est Bonaparte
N. qui s'enfuit poursuivi par les coups de fusil du cousin en furie. Il
se réfugie chez Rosita, la jeune soeur de Pasquale L.
La famille M. se cache autour de la maison de la jeune fille afin de la
tirer dans une embuscade...
J'interromps un instant le récit bouleversant de monsieur Mériméoni, afin
de prendre quelques notes, il en profite pour avaler quelques calmants.
* Les noms de
famille ont été remplacés par leurs initiales afin de ne pas envenimer
une situation qui sent la poudre d'escopette.
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