3) « LES IMPRESSIONS DU MIDI » de Fernande AILE

LA POLITIQUE : La vendetta

 

Impossible d'aller en Corse sans parler de la vendetta, enfin c'est ce que je croyais. Dans le taxi qui me conduisait à Sant' Antonino, je demandais au chauffeur ce qu'il en pensait, sa réponse me surprit :
« Qui c'est celle là ? » demanda t'il.
Ce qui prouve bien que les traditions se perdent.
Enfin à Sant' Antonino, j'allais pouvoir rencontrer quelqu'un qui pourrait m'en parler; monsieur Mériméoni, l'homme le plus menacé de l'île de beauté. Réfugié depuis 35 ans dans sa maison-forteresse (voir photographie de gauche ), il attend. Il attend quoi ? me direz-vous. Nous avons décidé de lui poser la question, et ce ne fût pas simple. Après avoir franchi les différents postes de gardes, zigzagué entre les barbelés et les champs de mines; un étroit escalier nous permit de descendre dans une ancienne casemate italienne où nous nous retrouvâmes en face de monsieur Mériméoni.
Il n'était pas frais, dévoré par l'angoisse, miné par les anti-dépressseurs qu'il avalait par poignées, il transpirait abondemment et sursautait au moindre bruit.
Cependant il accepta de nous raconter ,entre deux alertes, la terrible histoire de la vendetta familiale. Les faits se seraient déroulés au moment de la chute de l'Empire (lequel ?) et le temps écoulé depuis à quelque peu brouillé les mémoires et mélangé les dates, les lieux et les différents protagonistes.
Voici, en tout cas ce que le vieil homme pût nous en dire : « La belle Julietta L.* est enlevée puis déshonorée par Roméo M. avec l'aide du cousin de celui-ci .Apprenant celà, le jeune frère de Julietta, Pasquale, tue sa soeur, Roméo, le cousin de Roméo et pour faire bonne mesure son oncle par alliance. Fureur du clan M. qui décide immédiatement de se venger de Pasquale L. en tuant son chien de chasse favori, son sanglier apprivoisé et sa grand- mère.
Bonaparte, un jeune voyou du clan des N. allié des L., se lance à la poursuite des assassins et tire dans le tas. Malheureusement ces balles vengeresses tue un innocent qui passait par là, revenant avec son cousin d'une vendetta dans le village voisin. Du coup la vendetta se retourne et c'est Bonaparte N. qui s'enfuit poursuivi par les coups de fusil du cousin en furie. Il se réfugie chez Rosita, la jeune soeur de Pasquale L.
La famille M. se cache autour de la maison de la jeune fille afin de la tirer dans une embuscade...
J'interromps un instant le récit bouleversant de monsieur Mériméoni, afin de prendre quelques notes, il en profite pour avaler quelques calmants.

* Les noms de famille ont été remplacés par leurs initiales afin de ne pas envenimer une situation qui sent la poudre d'escopette.

 

 

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