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Sûrs de leur force
et tout gonflés de l’illusion de leur puissance financière, ils arrivent
en conquérants.
Mais attention à la malédiction* du caisson !
* malédiction
: Sortilège qui punirait ceux (ou celles) qui troubleraient la tranquillité
du caisson.
Vous n'y croyez
pas ?
Peldugland voudrait aussi ne pas croire à des choses pareilles mais il
fût (l'involontaire) témoin de faits troublants dont il nous fit le récit
circonstancié encore tout émotionné et mort de rire :
" Ce matin là, madame Cadouche faisait visiter l'immeuble à d'éventuels
acheteurs, le plastichien le savait car il épiait les faits et gestes
des promoteurs tapi silencieux et immobile dans l'espoir de percer les
secrets de ses ennemis cravatés.
En passant devant la porte toujours obstinément close du caisson, madame
Cadouche ne put s'empêcher de lancer quelques perfides et méprisantes
réflexions d'autant plus qu'elle soupçonnait la présence du locataire
rétif de l'autre côté du panneau de bois.
Ne pouvant faire visiter l'intérieur, l'agente immobilière en était réduite
à emmener les possibles acquéreurs au grenier où ils tournaient en rond
dans la suie en imaginant leur plateau futur.
Pour se faire ils devaient gravir un petit escalier de bois très raide
et plutôt branlant, ce que madame Cadouche venait de faire suivi de son
client potentiel.
De l'étage en dessous Peldugland les entendait marcher au dessus de sa
tête, à travers le plafond il leur envoyait plein de mauvaises vibrations.
L'imprécateur suivait ainsi aisément leurs déplacements, il remarqua que
les pas de ses visiteurs du matin s'approchaient à nouveau de l'escalier,
sans doute allaient-ils bientôt repasser et le plastichien rejoignit vite
son poste de guet habituel.
Madame Cadouche
et ses multi-sbires patrouillent dans l'escalier.
En effet madame Cadouche s'apprétait déjà à redescendre tout en continuant
son bagout commercial.
Le client lui conseilla de faire attention aux marches abruptes, avertissement
que la dame, toute à l'idée de sa grasse commission, ignora superbement.
La suite était prévisible, un grand vacarme puis le bruit de quelque chose
de lourd dévalant l'escalier (et ce n'était pas le grand nu) avant de
finir sa trajectoire obligée en s'écrasant contre le mur, juste devant
son palier ; puis un court silence et la voix inquiète du visiteur demandant
du haut des marches :
" Vous ne vous êtes pas fait mal au moins ? "
De nouveau un silence, divers frottements, défroissements et gémissements
difficiles à interprèter et enfin la voix blanche, douloureuse, et très
irritée, de madame Cadouche :
" Non, non, ça va aller, ouille ... je vous assure, juste une petite glissade
... on va se relever, aie ! "
Quelques semaines plus tard le plastichien croisait à nouveau dans l'allée
madame Cadouche une jambe plâtrée et le bras en écharpe.
Comme sa maman lui avait appris à ne jamais se moquer du malheur des autres,
il retint (difficilement) son hilarité ; mais depuis ce jour il s'interdisait
de penser à cette femme de quelque manière que ce soit.
Il avait trop de pouvoirs.
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Comme les vaillants belges en 1914, dans un ultime acte de résistance,
le plastichien décida d'inonder* le caisson.
* inonder : Mais jamais il ne fût question de se faire sauter
(le caisson bien sûr).
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Pendant
l'opération, il peut toujours descendre dans son caisson étanche.
Contre
toute attente, le plastichien gagna son procès, il pouvait donc
négocier une sortie joyeuse et honorable, le caisson avait résisté
à tout.
Il entreprit son démontage et sa transplantation car tel un fraisier
en bonne santé, il avait fait un stolon qui pris racine à Lapalisse
dans l'Allier où son installation allait redonner vie à cette cité
moribonde, au royaume de l'évidence.
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Dès
la mise en eau, les poissons reviennent, ce qui fait la joie du pélican.
Contre toute
attente, le plastichien gagna son procès, il fit appel de cette étonnante
décision, laissant ses adversaires de plus en plus perplexes.
Que voulait-il donc ?
Du temps, simplement du temps, une année supplémentaire pour entreprendre
le démontage* de l'invincible caisson dont il sortit en temps voulu, la
tête haute et avec tous les honneurs de la guerre économique.
* démontage
: Nous avons parfois dans l'existence l'occasion (et surtout la nécessité)
de faire preuve de volonté et de courage.
Le moment où Peldugland
entreprit le démontage de son caisson fut de ceux là, premier problème
: par où commencer ?
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Le plastichien
s'assoit pour réfléchir.
" Ici ! " s'écria t'il soudain en désignant un imaginaire point exactement
situé en 3.E.H.G suivant le plan.
Il monta sur son tabouret pour décrocher délicatement les premiers
objets, les poser sur la table, les étiquetter en notant soigneusement
leur place dans ce puzzle en 3D grandeur nature.
Un an plus tard, il avait presque fini. |
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