Tel un fraisier
en bonne santé, le caisson avait fait un stolon, un rejeton appelé à
un bel avenir ensoleillé qui surgit et prit racine à Fontaines/sur/Saône,
noyau de ce qui deviendra un nouveau caisson de décompression.
Pourquoi ?
D'abord parce que le plastichien ne saurait survivre longtemps sans
sa bulle imagée, ensuite l'idée de construire un garage (par exemple)
ne lui serait jamais venue.
Le caisson
tel qu'en lui-même.
Quelques mois
plus tard, l'intérieur du petit chalet ressemblait étrangement (en plus
dense) au caisson qu'il venait d'abandonner.
Le plastichien avait refait la même chose, il s'était reproduit tout
seul et à l'identique : symptôme d' aliénation ou expression libre ?
Un peu des deux, en tout cas une tendance lourde (et irrépressible)
chez lui où il finit toujours par transformer le rêve en réalité.
Cela se fait tout seul mais lentement, quotidiennement, secrètement
en suivant la technique dite de l'accrocharge*.
* accrocharge
: Science inexacte, l'accrocharge est un état d'équilibre instable,
ses limites sont la solidité des murs et la (dure) loi de la pesanteur
L'accrocharge
est beau mais fragile, ainsi quand un gros acacia déraciné par l'orage
tomba droit sur le toit du chalet en le défonçant sur toute la longueur,
l'onde de choc produite transforma en un monstrueux chaos sa verticale
et délicate ordonnance.
Puis vint le déluge, se déversant par les trous béants, l'eau froide
inondait tout.
La catastrophe était naturelle, la réaction se devait de l'être aussi.
Le plastichien mouillé éclata de rire et se mit à chanter à tue-tête
:
" Il pleut dans ma maison ... car toutes les tuiles s'en vont ... "
L'effet fût immédiat : la pluie cessa, les noirs et lourds nuages se
dispersèrent et le soleil réparateur brilla de nouveau.
Le caisson
redevenu lui-même.
Ici tout n'est
qu'ordre et beauté (mais pour la volupté, il faudra repasser).
A l'intérieur Peldugland cultive son goût* qui, dans cette atmosphère
contrôlée, s'exerce souverrainement, sans partages compliqués ou impossibles
compromis.
Il cultive aussi des orchidées pour Janplot mais il ne faut pas le dire.
Il se cultive par la même occasion et ça on peut le dire, haut et fort.
* goût :
Irrationnel et impalpable, notre goût s'exerce pourtant simplement si
on veut bien l'écouter.
Ma préférence à moi aime, choisit, refuse (très important !), se discute
vite puis finalement impose ce petit bout de plastique vert à la place
de celui-là ... juste un peu plus à gauche, voilà, maintenant c'est
mystérieusement bien.
Et ça ne s'explique pas, ça se constate.
En clair, notre goût nous indique en permanence qui nous sommes.
Il peut-être mauvais et nous en savons quelque chose, il faut cependant
obstinément l'interroger pour bien le cultiver ; mais sans trop l'arroser
comme font certains.
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Ce
caisson, vu par lui, m'aime.
Sorte
de tombeau ouvert qui ne roule pas, le caisson est simplement
destiné à être joli*, joli à une puissance encore inconnue.
* joli : Le plastichien
n'arrive pas à dire beau, mais il le pense très fort.
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Il prouvera ainsi que, même à notre époque où toutes les raisons
factices de ne pas agir sont à notre disposition télécommandée,
il reste possible de vivre à sa guise ; et sans emmerder les autres.
Tant que nous voudrons bien nous accorder cette liberté car nous
restons nos plus impitoyables et masochistes maîtres, et donc
esclaves.
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Caisson, ceux
qui se lèvent tôt t'aiment et ceux qui vont pourrir te saluent ! .