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Trois états
successifs du biquet, ses cheveux poussent et lui aussi.
Miribel, il n’y a pas grand-chose
à en dire mais ce peu, nous le dirons dans l’eau.
Tracer trois lignes parallèles, une pour le gai canal, une pour la route
nationale et la troisième pour le coteau embroussaillé qui les longe.
Sur son flanc caillouteux se dressent les ruines du château fort local,
une patibulaire madone de béton brut assortie d’un carillon aigrelet et
neurasthénique qui fût le tourment sonore de ses dimanches après-midi.
Figures marquantes
de Miribel
A Miribel, les distractions sont rares, surtout pour les jeunes, il était
jeune mais il ne le savait pas.
Quand il sortait de la maison familiale, c’était pour aller là où il savait
ne trouver personne, dans les îles du Rhône.
A l’école on le surnommait d’ailleurs « l’oiseau des îles », plus tard
ce sera « le serpent à lunettes », ces métaphores animalières ne le dérangeaient
pas, bien au contraire.
La rivière,
le bord de l’eau, les reflets.
De l’autre côté du canal donc,
était un espace vaste et quasi inoccupé, plein de moustiques, de lézards
verts et de lapins survivants de la myxomatose, les îles.
Il y passait une bonne
partie de son temps avec son chien Gratton* à observer et traquer les
poissons petits et grands.
* Gratton : c’était le nom
de l’animal, un gentil bâtard pas bête et courageux ; c’était surtout,
en cette période de radical isolement, le seul être vivant avec lequel
il pouvait passer du temps.
Sa présence était précieuse et rassurante et si, dans des moments d’égarement,
il fût injuste et brutal envers ce pauvre animal, il adresse ses excuses
au paradis des chiens d’où son griffon favori est redescendu une nuit
pour le visiter, blanc et silencieux, mais toujours plein de confiance.
Son chien, spectral
mais toujours content...
... surtout
d'aller à la pêche.
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