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Le directeur
tapa du poing un grand coup sur le bureau, tout le monde se réveilla
brusquement :
" Quand on habite la cité du patrimoine mondial de l'humanité,
il faut en être digne ! "
" Hautes-Alpes ! " rajouta un plaisantin non identifié, heureusement
pour lui car ça chauffait ce matin à la Fondation Gellipane : on nous
supprimait LA subvention* et nous étions très mal.
Pour quel motif ?
" Participation insuffisante à la vie culturelle lyonnaise, voilà
ce qui est marqué.
Pas assez d'artistes du cru dans notre programmation, où sont les
Pubis de Chavannes, les Simone Garnier, les Mick Michèle, les ...
Les Guy Gnôle
de demain ? " |
On se regarda, personne n'en
savait rien alors on téléphona à jean Culle (le grand philosophe), notre
ultime recours en grâce municipale :
" Allo Jean Culle, le grand philosophe ? "
" Lui-même, qu'est-ce que vous voulez encore ? " (en fond d'écran,
on entend le bruit des vagues et des cris d'enfants joueurs).
Jean Culle
sur la Rivièra sans retour, demain " Journée Orange " !
" Voilà, nous avons un gros
problème, on nous supprime LA subvention. "
" C'est bien fait pour vous, bande d'incapables ! "
" Du coup vous ne serez plus payé, cher Jean Culle. "
" Ah mais alors c'est un vrai scandale, on va arranger ça, je vous
rappelle ... "
Cinq minutes plus tard - dring-dring-dring
- le directeur décroche :
" Jean Culle à l'appareil, j'ai ma petite liste, vous prenez note ?
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Premier exposant
: NUMERO
17
/ C'est qui ? Le 18, c'est les pompiers, le 16, les
charentaises ... "
/ Ensuite : OCTAVE
DES OBRES
/ Ah quand même, c'est pas trop tôt ! " maugréa l'intéressé
qui détestait les expositions collectives.
/ Bien sûr, VIL
DE LYON sera de la partie fine
/ Ah non, pas lui ! La réprobation est générale, mais
bien inutile car cette enflure connaît du monde.
/ Et peut-être " LA
TAUPE " si on arrive à mettre la main dessus.
"
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On fit semblant de connaître
ce (ou cette) personne créative, histoire de ne pas passer pour des e-gnares.
Tout le monde applaudit bien fort et on se leva tous pour Jean Culle en
une vibrante " standing ovation ".
Il le valait bien, mais en Suisse seulement car ce grand homme détestait
partager les louanges.
The bling-bling
exhibition.
* Subvention : On vous donne
de l'argent, c'est merveilleux.
A votre tour vous pourriez le redistribuer, aux pauvres par exemple.
Vous êtes d'accord, mais juste sur le principe ; c'est déjà ça.
Vous en avez besoin pour vous exprimer peinement ?
Dans ce cas ...
Mais attention, la subvention, source possible de liberté conditionnelle,
crée l'accoutumance, puis rapidement une totale dépendance.
Elle devrait donc être interdite, bannie, maudite, poursuivie et punie
par la loi divine.
Aurais-je (ô désespoir
!) un avis différent si j'étais moi-même subventionné ?
Sans doute, en suivant les lois de la relativité restreinte.
COMMUNICATION
La communication c'est très
important, la Fondation en avait aussi chargé Jean Culle, ce farouche
partisan du
confusionisme le plus envahissant.
Ce dernier voyait grand : " Aux grands mots, les grands remèdes
! "
Nos dévoués
missionnaires allaient donc jusque
dans les campagnes les plus reculées sur leurs petits engins chenillés.
Neuneu* - " Mais pourquoi
" Heurexposition " avec un H, ce n'est pas du beau, du bon, du bonnet
phrygien, du vrai français ? "
J.C - " C'est exact gone*, mais il faut bien enfoncer le clou pendant
qu'il est chaud ! "
* gone
: Familiarité lyonnaise comme : " Sois poli gone ? ", plus géométrique.
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* Neuneu
: Un nouveau, en C.D.D ; son gros défaut. il pose beaucoup trop de
questions. |
Neuneu -
" Et pourquoi des pères Noël partout, ce n'est pas (encore !) le
moment tant attendu ? " |
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J.C - " Faisons-le
advenir, notre consommation (et le stupide bien-être qui en dépend)
exige un Noël permanent et définitif ! "
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Décidément Jean Culle avait
réponsé à tout, ce qui est nécessaire et suffisant pour un bon communicant.
Pas vaseux, comme certains crapauds.
Jean Culle
ne supporte qu'un contradicteur, lui-même.
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