Décidément il s'en passe de
belles à la Fondation Gellipane en ce moment, après avoir frôlé la catastrophe
lors du vernissage de Piétro Mégallo, la direction se trouve aux prises
avec un problème enscore plus incroyable : la fondation serait hantée
!
On a peine à le croire mais
les faits sont là (et quand les fesses ont cette forme, on ne peut les
ignorer).
Tout a commencé lors de l'accrochage
des peintures lumineuses de l'abbé Tize, un plasticien catholique renommé
de tendance Vatican des labres*.
* labres : autre nom pour
la vieille.
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L"exposition accrochée,
les
visiteurs sont là ;
tout est normal.
Quand l'équipe technique
quitta les lieux après ses seize heures de travail déréglementaires,
tout était en ordre mais quelle ne fût la stupéfaction des ouvriers
le lendemain matin, les toiles solidement fixées au cimaises la
veille, étaient de nouveau à terre.
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L'exposition sinistrée
ou le décrochage mystère ;au
milieu, l'abbé Tize est désespéré.
Atterré, le directeur
fit tout recommencer mais le phénomène se reproduit la nuit suivante,
en même temps qu'on observait des variations évidentes de la luminosité
des oeuvres. On prévint discrètement l'évêché qui envoya une équipe
d'exorcistes diplômés qui fit une religieuse expertise des toiles
et prononça les rituelles formules, rien n'y fit.
Les
exorcistes convoqués, l'abbé Chamel et les Révérends-Pères Defesse
et Dessain.
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La date fatidique de l'inauguration
approchant, on se décida à appeler les gendarmes pour mener l'enquête
; l'adjudant Tifrice nous assura :
" qu'il ferait rapidement toute la lumière sur cette ténébreuse affaire
!"
Peut-être, mais en attendant
les peintures de l'abbé Tize recommencent toutes les nuits leurs surnaturelles
migrations.
Le jour du vernissage, tout
était de nouveau par terre ; on fit comme si tout était normal et les
visiteurs défilèrent en ordre serré devant les clous et les murs vides
sans poser de questions, c'est bien le principal.
TOUTE LA
LUMIERE ...
On osait prévenir (même anonymement)
la police pour ne pas avoir l'air trop ridicule.
Le mystère restait entièrement opaque et plus personne n'osait approcher
la Fondation.
La lumière revint et du côté où on l'attendait le moins, comme c'est souvent
le cas.
De Paul, notre silencieux gardien que ces histoires de peintures enchantées
agàçait vu qu'il ne cessait de se faire engueuler.
Il alla jeter un coup d'oeil derrière les cimaises.
Pour voir
l'envers du décor.
Ce qu'il découvrit (hormis les kilos de poussière, les mégots et quelques
préservatifs abandonnés) l'étonna beaucoup.
Le long des murs extérieurs de la salle d'exposition, une rangée de puissants
aimants montés sur une tige télescopique vibraient à l'unisson.
" En voila une installation ! " s'étonna Paul (qui en avait pourtant
vu d'autres).
Les peintures en fer du pauvre abbé montaient et redescendaient au rythme
des aimants, rien de surnaturel là dedans.
Le mystère des peintures mouvantes était éclairci : il s'agissait soit
d'un sabotage anticlérical, soit d'une escroquerie esthétique.
Un précieux indice, des traces de caca partout, fit attribuer le méfait
à Denion de Lyon qui aime tant
à se moquer de la religion.
On coupa le courant au système parasite et les lumineuses peintures retrouvèrent
leur immobilité.
" Vous avez fait toute la lumière ... " remerciait vivement l'abbé
Tize en bénissant l'agent du patrimoine.
" N'exagérons pas, rougit ce dernier, je ne suis pas le créateur !
"
Trop déçu
par le monde de l'art (dont il ne soupçonnait pas la cruauté),
l'abbé Tize a pris le maquis chrétien errant comme un cénobite ou pire.
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