FONDATION GELLIPANE

PROGRAMMATION

 

 

 

" L'ORGASME EN IMAGES "
ARTISTE : LAURE GUASME
GENRE : intime
SEXPOSITION n° 36

.

 

 

 

L'exposition numéro 36 sera une sexposition (ou ne sera pas).
" Et avec un titre pareil, on aura du monde ! " se félicitait le directeur en se frottant les mains.
Il attendait beaucoup de ce projet, de l'argent bien sûr mais surtout de pouvoir mieux toucher (intellectuellement parlant) la clientèle féminine.
Ses prévisions se révélèrent justes, normal c'est le boss ; le soir du vernissage de " L'orgasme en images " tout le deuxième sexe, de 7 à 77 ans, était là.

" Nul doute que le sujet les passionne ... " observa finement Peldugland.
Octave des Obres s'occupait du placement :
" Les petites devant, les grandes derrière et les grosses où elles peuvent ! "

La Fondation Gellipane avait fait des frais, la première salle était uniquement consacré aux nichons ; seins, roberts, tétons et nénés recouvraient les cloisons tendues de toile rose et crue.

Tout pour honorer la femme.

" Je préfèrerais la déshonorer. " nous confie anonymement (et hors-micro) un des organisateurs.

 

Par un exemplaire (et maintenant quasi obligatoire) souci d'interactivité, une femme virtuelle, donc parfaitement aseptisée, répondait aux hygiéniques questions.
Même les plus innocentes.

On passait ensuite au plus vif du sujet.
L'installation de Laure Guasme était assez complexe et, vu la compétence relative de nos électriciens, des problèmes étaient à craindre.

Laure Guasme à l'échauffement.

La performeuse et son partenaire se tenaient (fort) derrière un léger voile tout en se livrant à diverses agaceries pour passer le temps.

Laure Guasme avait une curieuse silhouette, elle ne portait rien d'autre qu'un casque transparent, sorte de sêche-cheveux hérissé de fils, une paire de longues bottines et un peu de parfum.
Six électrodes branchés sur son cerveau* nous transmettraient sensations, visions, délires et fantasmes ; théoriquement..

L'arrivée de l'artiste ne pouvait passer inaperçu.

" Elle a des bigoudis ! " s'exclama une fillette admirative.

 

* cerveau : Cette expérience apportera la preuve définitive que les femmes ont effectivement un cerveau, bizarre certes, mais un cerveau quand-même.
Elles ont aussi un coeur avec deux ventricules et deux oreillettes de pierre.
" Ont-elles une âme ? " s'interrogeait Guy Molet.
Quelle question !
Ce qu'on veut réellement savoir c'est à quoi pensent les dames pendant l'amour ? "
Avec moi, elles n'ont même pas le temps de penser. " réalisait un trop émotif.
" Avec moi non plus ! " déréalisait un trop sûr de lui.

 

" C'est drôlement bien, grâce aux artistes on voit des choses qu'on aurait seulement pas imaginer. "
C'était l'avis général.

" Activez les préliminaires, souffla le directeur, la salle est pleine à craquer ! "
Les ressorts grincent, le rythme s'accélère, on entend les petits bruits mouillés caractéristiques d'une activité copulatoire un peu sérieuse.
On allait voir ce qu'on allait voir ce qu'on allait voir !
Le " régisseur " brancha les six récepteurs dont deux explosèrent de suite alors qu'un troisième fumait dangereusement, ne présentant qu'une mire trouble et peu érotique.

Le dispositif

L'attention se porta sur les trois écrans survivants, elle s'y dilua rapidement.
On y voyait des moutons dormir dans des prés fleuris, ce qui surprit tout le monde.
Plus tard, toujours dans un pré fleuri, surgit Bambi, il a la trique alors il saute dans l'eau froide, pure, limpide, transparente et pleine de magnésium avec la truite (de Schubert).
Premières protestations dans la salle obscure :
" Hou, hou, Bambi, son of a biche, dégage ! "
" A bas les moutons ! "

" On nous prend pour des mickettes ! " protestaient les gonzesses énervées.
" Les bras m'en tombent, soupire Peldugland, où est donc passé cet orgasme tant désiré, tant attendu, tant ... tentaculaire ?".
Qu'est-ce qui ne marchait pas ?
Etait-ce lui ?
Etait-ce elle ?
Etait-ce l'installation, Ou les trois à la fois ?

On appelait l'artiste pour avoir des explications :
" Laure Guasme, Laure Guasme, Laure Guasme avec nous ! " hurlaient sur le trottoir les filles déchaînées, on les entendait depuis l'église.

Le départ de la performeuse fût des plus discrets.

A l'intérieur on s'échauffait aussi :
" Appelez-moi le directeur ! " répétait en boucle une voix bien agaçante.
L'irritable visiteur exigeait qu'on lui ouvre la salle de la foufoune pourtant - momentanément fermée pour travaux - comme l'indiquait l'affichette.
Une vieille astuce gellipanesque pour paraître encore plus important que les plus importants, derrière la majestueuse porte il n'y avait qu'un petit placard à balais.
On conseilla vivement au râleur de laisser tomber, le directeur étant en réunion avec Miss Clitorini et ce n'était ni le soir, ni le moment de lui casser les burnes en quatre.
" Appelez-moi le directeur ! " répétait l'inconscient du danger.
Ce dernier finit par sortir tout dépenaillé de son bureau, il s'avança droit sur le plaignant qu'il étendit raide d'un bon direct.
" Faut pas nous emmerder à la Fondation Gellipane ! " conclut-il.
Bien dit.
A l'extérieur les filles criaient toujours, réclamant sur l'air des lampions l'orgasme convenu.
" Il ne fallait pas leur promettre, maintenant elles ne vont plus nous lâcher ! " fulminait le puncheur en rentrant dans son bureau.
Surtout que là, en plus, elles avaient payé.
D'avance, heureusement !

 

Moralité : Comme l'a dit le sage Confessius, le yin est plus difficile à allumer que le yang mais il est aussi beaucoup plus long à éteindre.
A méditer au sec.

* Confessius : Philosophe antique qui ne pensait qu'en dessous de la ceinture.

 

 

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