FONDATION GELLIPANE

PROGRAMMATION

 

 

 

" LE PRIX DUBEURRE "
ARTISTE : FLANBI
GENRE : influençable
EXPOSITION n° 54 - 3

.

 

 

 

L'artistique arrivée.

En jetant un oeil au dossier de presse on était doublement surpris : d'abord il n'y en avait que pour un certain Flanbi, omnipotent et omniprésent : Flanbi fait du workshopping, Flanbi est déjà post-post moderne, Flanbi est facilement joignable.
Ensuite, et conséquemment, impossible de savoir ce que faisaient les autres candidats ou seulement s'ils existaient.

Un géant aux mains d'acier circulaient broyant épaules et biceps en rappelant quelques consignes de vote, sommaire mais efficace ce monsieur Max.
Il vous fourrait sous le nez un panégyrique outrancier que vous n'aviez pas intérêt à ignorer, encore moins à faire un avion avec ; vous pouviez juste, dans l'intimité, hygiéniquement vous en débarrasser.

La solitude de Cochon-Man.

 

- Toc, toc, toc - Cochon-Man tapa sur le micro pour obtenir le silence car le moment était solennel :
" Je déclare que le lauréat du prix " Dubeurre* 2O12 " est ... " l'orateur fit habilement durer le suspense, " ... est : FLANBI ! "
On applaudit poliment ; il était facile de deviner le vainqueur, c'était le seul qui riait follement avant de tomber dans les bras de son galeriste-protecteur.

 

Le mignon Flanbi est heureux.

 

Tous les autres faisaient triste mine essayant de cacher, derrière une objectivité de façade,leur déception et leur amertume.
On dénonça immédiatement un coup monté, une mascarade, une mauvaise plaisanterie, un complot hétérophobe ou un scandale sans précédent (ben voyons !).

" Tous ces gens ne connaissent donc rien au principe universel de la Grande Enculade ? " s'étonnaient les plus anciens qui avaient maintenant la bite rude (pardon, l'habitude), depuis le temps.
A quoi servent donc nos extraordinaires moyens de communication ?

* Dubeurre : Magnat de l'agro-alimentaire ; avec l'argent du beurre, il fonda le prix Dubeurre qui récompense chaque année le jeune artiste français le plus talentueux, celui qui peut faire les plus longues et les meilleures ...

" Oeuvres ? "
Merci, vous me l'avez oté de la bouche, je n'arrivais plus à formuler correctement.

Flanbi gambadait au quatre coins de la salle pour montrer sa récompense, ainsi que sa joie complète, à ses nouveaux amis.
" Il aura droit à une grosse bourse ! " nous affirmait Cochon-Man apparemment satisfait.
" Et pourquoi pas les deux ! " voulut préciser Peldugland. on rigole, monsieur Max s'approche d'un pas lourd de menaces.

 

" Chut, voilà son éminence ... "
" He never sleep ! "
" Il est libre Max ? " demande un admirateur.

Les autres candidats restaient stoïquement debout, hésitant à s'asseoir tant ils avaient mal au cul.
" Le monde de l'art est de moins en moins gai. " constata froidement Octave des Obres.
" Vous trouvez ? J'aurais dit tout le contraire avec plaisir. "
Un troisième personnage recouvert d'un drap se tenait silencieusement à la table.
On commençait tous à s'endormir quand Paul, notre gardien "maison " fit irruption dans la salle en criant :
" Alerte à la bombe, alerte à la bombe ! "
Affolement général.
On préféra évacuer tout le monde ; sur le parking l'échange déconstructif d'idées continuait.
Au bout de dix minutes le directeur nous fit signe de regagner la salle, tout danger semblait écarté.
On venait à peine de se réinstaller pour parler du prix " Dubeurre " que Paul arrivait au pas de course pour nous annoncer : " Alerte à la bombe ! "
Nous étions en pleine confusion, grâce à qui ?
Aux brouilleurs d'idées* courtes dont les gigantesques antennes-relais jalonnent ce qu'il reste du paysage.

* idées : D'abord un tri sélectif s'impose, toutes les idées ne sont pas bonnes : les idées neuves dans la poubelle verte, les idées fixes dans les grises et les idées saugrenues pour le compost familial.
Des sani-broyeurs d'idées noires sont à votre disposition tous les dimanches après-midi.
Attention : Les idées déjà reçues ne peuvent plus être échangées, ni reprises.

Mais cette fois le brouilleur d'idées avait une identité non-ondulatoire.
Octave des Obres, que les succès d'autrui rendaient à moitié-fou, s'était enfermé dans les toilettes de la Fondation (il faut en avoir envie !) d'où il diffusait ses alarmistes messages.
Son harcèlement téléphonique avait maintenant pris une tournure plus intime :
" Mon pauvre Flanbi, Max est au désespoir.
Il n'arrive pas à croire que tout est fini entre vous.
Il t'adore, tu comprends.
"

Le galeriste aux mains d'acier (sans ses gants de velours)
fendit la porte d'un coup sec, de haut en bas ...

 

 

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