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L'artistique
arrivée.
En jetant un oeil au dossier
de presse on était doublement surpris : d'abord il n'y en avait que pour
un certain Flanbi, omnipotent et omniprésent : Flanbi fait du workshopping,
Flanbi est déjà post-post moderne, Flanbi est facilement joignable.
Ensuite, et conséquemment, impossible de savoir ce que faisaient les autres
candidats ou seulement s'ils existaient.
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Un géant aux
mains d'acier circulaient broyant épaules et biceps en rappelant quelques
consignes de vote, sommaire mais efficace ce monsieur Max.
Il vous fourrait sous le nez un panégyrique outrancier que vous n'aviez
pas intérêt à ignorer, encore moins à faire un avion avec ; vous pouviez
juste, dans l'intimité, hygiéniquement vous en débarrasser. |
La solitude
de Cochon-Man.
- Toc, toc, toc - Cochon-Man
tapa sur le micro pour obtenir le silence car le moment était solennel
:
" Je déclare que le lauréat du prix " Dubeurre* 2O12 " est ...
" l'orateur fit habilement durer le suspense, " ... est : FLANBI
! "
On applaudit poliment ; il était facile de deviner le vainqueur,
c'était le seul qui riait follement avant de tomber dans les bras
de son galeriste-protecteur.
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Le mignon Flanbi est
heureux.
Tous les autres faisaient
triste mine essayant de cacher, derrière une objectivité de façade,leur
déception et leur amertume.
On dénonça immédiatement un coup monté, une mascarade, une mauvaise
plaisanterie, un complot hétérophobe ou un scandale sans précédent
(ben voyons !).
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" Tous ces gens ne connaissent
donc rien au principe universel de la Grande
Enculade ? " s'étonnaient les plus anciens qui avaient maintenant
la bite rude (pardon, l'habitude), depuis le temps.
A quoi servent donc nos extraordinaires moyens de communication ?
* Dubeurre : Magnat de l'agro-alimentaire
; avec l'argent du beurre, il fonda le prix Dubeurre qui récompense chaque
année le jeune artiste français le plus talentueux, celui qui peut faire
les plus longues et les meilleures ...
" Oeuvres ? "
Merci, vous me l'avez oté de la bouche, je n'arrivais plus à formuler
correctement.
Flanbi gambadait
au quatre coins de la salle pour montrer sa récompense, ainsi que
sa joie complète, à ses nouveaux amis.
" Il aura droit à une grosse bourse ! " nous affirmait Cochon-Man
apparemment satisfait.
" Et pourquoi pas les deux ! " voulut préciser Peldugland.
on rigole, monsieur Max s'approche d'un pas lourd de menaces.
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" Chut, voilà son
éminence ... "
" He never sleep ! "
" Il est libre Max ? " demande un admirateur.
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Les autres candidats restaient
stoïquement debout, hésitant à s'asseoir tant ils avaient mal au cul.
" Le monde de l'art est de moins en moins gai. " constata froidement
Octave des Obres.
" Vous trouvez ? J'aurais dit tout le contraire avec plaisir. "
Un troisième personnage recouvert d'un drap se tenait silencieusement
à la table.
On commençait tous à s'endormir quand Paul, notre gardien "maison " fit
irruption dans la salle en criant :
" Alerte à la bombe, alerte à la bombe ! "
Affolement général.
On préféra évacuer tout le monde ; sur le parking l'échange déconstructif
d'idées continuait.
Au bout de dix minutes le directeur nous fit signe de regagner la salle,
tout danger semblait écarté.
On venait à peine de se réinstaller pour parler du prix " Dubeurre " que
Paul arrivait au pas de course pour nous annoncer : " Alerte à la bombe
! "
Nous étions en pleine confusion, grâce à qui ?
Aux brouilleurs d'idées* courtes dont les gigantesques antennes-relais
jalonnent ce qu'il reste du paysage.
* idées : D'abord un tri
sélectif s'impose, toutes les idées ne sont pas bonnes : les idées neuves
dans la poubelle verte, les idées fixes dans les grises et les idées saugrenues
pour le compost familial.
Des sani-broyeurs
d'idées noires sont à votre disposition tous les dimanches après-midi.
Attention : Les idées déjà reçues ne peuvent plus être échangées, ni reprises.
Mais cette fois le brouilleur
d'idées avait une identité non-ondulatoire.
Octave des Obres, que les succès d'autrui rendaient à moitié-fou, s'était
enfermé dans les toilettes de la Fondation (il faut en avoir envie !)
d'où il diffusait ses alarmistes messages.
Son harcèlement téléphonique avait maintenant pris une tournure plus intime
:
" Mon pauvre Flanbi, Max est au désespoir.
Il n'arrive pas à croire que tout est fini entre vous.
Il t'adore, tu comprends. "
Le galeriste
aux mains d'acier (sans ses gants de velours)
fendit la porte d'un coup sec, de haut en bas ...
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