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AUDREY
Le 22 avril à Pont-de-Narsan
" En arrière
toute ! "
Et Biquet refoule, of course.
Dés son arrivée,
Bertrand se sentit très mal dans cet endroit.
Très mâle aurait-il dit car Pont-de-Narsan est une ville de garnison remplie
à ras bord de jeunes hommes au crâne rasé qui errent par groupes de deux
ou trois, occupant les terrasses de café, les boutiques, jusqu'aux rares
cabines téléphoniques.
Le premier cercle de l'enfer et une vraie fosse aux serpents pour le jeune
homme qui n'aimait que la féminine compagnie (et pas du tout la septième).
Les envahisseurs* étaient partout et Lapin.Blanc.Rapide décida de ne pas
mettre un pied (ou sa craintive papatte) à terre.
* envahisseurs
: En l'occurence le 153ème régiment de dragons roulants qui devait prochainement
s'autodissoudre par ministérielle décision.
Leur fumante disparition
du paysage landais entraînant dans son néant, l'avenir, les espoirs, les
emplois, les enfants et toute l'économie de Pont-de-Narsan qui risquait
fort de de devenir la première " ville-fantôme " du sud-ouest.
Heureusement c'était
l'heure de la sortie des lycées et Bertrand échangea volontiers
ses idées noires contre le cortège de nymphettes bondissantes qu'il
voyait défiler devant son capot immobile.
" Ah, ah, monsieur s'intéresse aux gamines ! " protestent les biens
pensants et les malveillants qui se réunissent souvent chez la même
personne.
Oh que oui, et il fait
même plus que s'y intéresser, il est complètement fasciné par ces
jeunes filles en fleurs trop maquillées, ces chenilles surexcitées
au nez percé qui papillonnent déja de partout.
Qu'existe t'il de plus joli et de plus gracieux sur la terre ?
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Pas de réponses,
continuons donc notre juvénile histoire.
Audrey faisait de l'auto-stop devant le passage clouté et Bertrand bien
entendu s'arrêta dessus avant d'ouvrir sa portière.
Elle voulait
rentrer chez ses parents à quelques kilomètres de là, pile, il se
proposa de la ramener à sa maison, face.
Pendant le trajet toujours en ligne droite à travers les bois d'uniformes
sapins bien rangés et peuplés de moustiques géants, le garçon roulait
le plus doucement possible pour bien profiter de cet instant suspendu
comme une balancelle.
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Audrey
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A certains
endroits, tout les sapins étaient par terre à cause de la précédente
tempête, cela changeait un peu, apportant une note de biodiversité
bienvenue dans cette monotonie en ligne droite.
C'est au milieu d'une de ses clairières* nouvelles que les deux
héros franchirent les limites (finalement assez proches) de notre
l'espace-temps habituel.
Sans même s'en rendre compte.
* clairières
: Ces abattis gigantesques prenenant la forme d'étranges couloirs
dans le paysage.
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Par contre, les
occupants du véhicule en ressentirent très rapidement les premiers effets
physiques : mains moites, repirations courtes et haletantes, chaleur intense
etc ...
Et les premiers évidentes, mais contradictoires manifestations.
Pourquoi contradictoires ?
Parce que dans leur nouveau monde, tout était inversé.
Par exemple, ils roulaient maintenant à fond sur la voie de gauche et
en marcha arrière toute.
On devait y coucher sous les lits et, car tout est paradoxal ici, et pouvoir
donc y manger en dehors des repas.
Totale et radicale dérèglementation (de Lyon ?) car une loi, une manière,
un mode, tout ce qui semblait fonctionner était immédiatement contredit
par l'expérience suivante.
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Dans un monde si particulier
mieux vaudrait ne pas se poser de questions, et pourtant...
Réflexions
croisées
Audrey
:
" Ca n'a pas l'air d'aller ? "
W.S.R
:
" Je n'ai pas très envie de partir ."
C'était
compliqué, dangereux, inconfortable mais excitant ; et supportable,
au moins un petit moment.
D'ailleurs quelle heure de quel monde était-il ?
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Bertrand ne regarda
pas sa montre qui marchait à l'envers :
" 9H37 ! Incroyable, l'heure de son arrivée à Pont-de-Narsan, ils avaient
aussi remonté le temps !
Cela donna une idée à Bertrand : s'ils se dépêchaient, ils pouvaient encore
se rencontrer à nouveau.
Mais il ne fallait pas louper cet unique rendez-vous, à fond et
à l'envers, ils retournèrent à la ville-caserne.
Ils arrivèrent avec quelques minutes d'avance et s'attendrirent (pardon,
s'attendirent) en parlant anglais* ce qui permettait à Audrey de réviser
et ne faisait pas de mal non plus à Bertrand, qui avait tendance à tout
oublier rapidement.
* anglais :
C'est aussi bien pratique pour se dire des choses qu'on n'oserait pas
prononcer dans sa langue maternelle.
Le garçon
rassembla vite quelques miettes éparses de sa scolarité bâclée : |
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" It was a
thick fog outside when Ken was opening the gate for his father ..."
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Help !
Elle :
" Ail bique your pardonne ? "
Lui : " Bigue, pas bique ... sometimes I feel so ... comment dire
? "
Elle : " Déprimé ... depressed ... or just a White Speed Rabbit
? "
Lui : " Pas aujourd'hui ... Note tout dais, today I am just a rigolo,
ah, ah, ah ! "
Elle : " AiI fink youre tout romantic Bertrand ! "
Lui : " Romantique, c'est cela, sometimes, ail fil seau romantic
! "
Elle : " Mitoutou, mitoutou ! (?) "
Dans le
plus innocent paysage, Bertrand voit un corps féminin alangui, quand
ce n'est pas plusieurs.
. |
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Serait-il
victime d'hallucinations qui tournoient ?
Ou faut-il mettre plus de bromure dans son café ? |
Les voilà qui
arrivent, elle, pour s'installer à son passage clouté et lui la regardant
dans sa petite auto.
Audrey sortit à toute vitesse réintégrer son jeune corps, Bertrand avait
(et ce sera la seule fois de son existence) le plaisir de se rentrer dedans.
Pas besoin de constat, ils étaient d'accord.
La boucle* était bouclée et l'histoire pouvait recommencer.
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* boucle : Quelques
explications s'imposent, demandons-les à Franck Einstein, le digne
fils de son oncle (encore un roman familial compliqué) :
" Gluons, électrons libres et démocratiques, photons hasardeux,
positrons, neutrons, étrons ...
Toute la matière fait cale à l'unisson, c'est merveilleux ... "
Quelle envolée !
Son collaborateur, Hubert Rivesaltes est beaucoup moins lyrique,
mais plus précis : " Prenez le lacet de ma chaussure, posez le bien
à plat, imprimez lui une courbure*, puis une autre et ainsi de suite
jusqu'au moment où les extrémités se rejoignent délimitant deux
zones bien distinctes : le dehors et le dedans. , Vous venez de
faire une boucle. "
* courbure : Bertrand
préfère les doubles courbures, horizontales ou verticales, il ne
se lasse jamais de les admirer dans sa lunette d'approche scientifique.
Une indienne de pierre lui révéla un jour la fameuse - triple courbure
- dont il n'est toujours pas revenu.
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Depuis dans
le plus innocent paysage,
Bertrand
voit un corps féminin, quand ce n'est pas plusieurs.
Bertrand et sa
jeune passagére suivent donc à nouveau le cours de leur linéaire existence.
Audrey mit ses écouteurs et retourna dans sa bulle pétillante.
Tout en envoyant des myriades de S.M.S minimalistes aux alentours plats.
Il avait repris sa conduite normale, branché le pilote automatique et
il rêvassait agréablement.
La jeune fille soufflait sur sa main des baisers au passage des nombreux
convois militaires qu'ils croisaient sans cesse.
Tous ces convois
qu'on voient ... et tous ces cons voient qu'on voit aussi !
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Lapin.Blanc.Rapide faisait d'une main le signe de la paix future.
De l'autre il se grattait la tête, n'en revenant toujours pas de
ce qui leur était arrivé (il pouvait lâcher le volant vu que la
route restait obstinément droite).
Quand il déposa Audrey devant* le domicile familial, il était déja
trop tard.
La jeune fille fit à Bertrand un dernier sourire métallique et appareillé.
Il y avait un épais brouillard au dehors quand elle ouvrit la parentale
barrière avant de disparaître dans la nébuleuse post-moderne.
* devant
: Enfin pas exactement devant, 100 mètres plus loin pour éviter
les regards indiscrets derrière les rideaux qui bougent (à peine).
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Une autre voiture
s'était garée en même temps queue (pardon, qu'eux), une centaine de mètres
en arrière.
L'automobile était toute rose avec un gros S jaune sérigraphié sur le
capot, le mystérieux véhicule repartit, suivant Bertrand sans jamais essayer
de le dépasser.
Bertrand appuya sur le champignon magique :
" Les jeunes filles ont envie de nous admirer, c'est bien agréable ...
"
L'accélération le cloua à son siège érectable.
Le paysage fuyait
devant lui ; derrière, il préférait ne pas voir.
Il regarda l'heure, les aiguilles de sa montre tournaient à toute vitesse
en sens inverse.
L'idée lui vint de remonter suffisamment dans le passé pour y saluer son
papa mais angoissé à l'idée d'y modifier quoi que ce soit, il décida de
rouler vers le futur.
Pour inverser le processus il fallait passer la marche arrière, ce qu'il
fit.
La voiture rose qui le suivait toujours disparut dans un " plop " mou,
avec la route, sa signalisation et ses traces d'huile.
Seule demeurait la forêt qui s'était peuplée de bandes d'adolescents erratiques
et maigrichons, ils y pratiquaient une monoculture primitive sur brûlis,
celle de la beuh et se déplacaient sans cesse en bandes asexuées en traînant
sur des rondins leur gigantesque sono.
Grâce a leur formidable
habileté,(fruit d'années de pratiques autistes et assidues) au maniement
des boutons et des manettes, les ados mettaient régulièrement en déroute
l'armée régulière, s'approvisionnant en matériel sur internet à l'aide
des cartes bleues soutirées aux parents débordés et régulièrement rackettés.
C'est maintenant
eux qui occupaient les bois dévastés et les principales agglomérations
landaises.
Ils y faisaient rêgner une terreur irrationnelle, mais égalitaire et végétarienne,
recommaissons-le.
Comme chez les terribles assyriens, on empalait pour un oui pour un non.
Et sans matières grasses désormais prohibées (à part les chips, tout ascétisme
ayant ses limites).
Cet âge et sans pitié, soit ; mais est-il sans amour(s) ?
Bertrand ne le saura pas car c'était trop dangereux de s'arrêter.
Et puis de toute façon ils ne parlaient plus la même langue depuis longtemps.
Leur chef s'appelait Max Mad et c'était un terrible utopiste*, tendance
macabre.
Le rôle du chef dans cette communauté d'âge tendre étant justement de
veiller à ce qu'il n'y ai pas de chef, jamais.
* utopiste
: De ceux qui pensent que c'est toujours mieux ailleurs, et autrement.
A soigneusement éviter car mortifères, ou au moins laxatifs.
Une vraie anarchie
donc, mais écologique, les voitures y étant strictement interdites, ainsi
que les interdictions*.
D'où les nombreux impacts multicolores sur son tacot qu'il faudra expliquer
(et surtout justifier) au loueur.
Il en profiterait pour lui demander qu'est-ce que c'était que cette bagnole
qui changait d'espace-temps comme de chemise à fleurs.
Non mais !
Sinon il y mettrait simplement le feu en expliquant que c'était les jeunes.
* interdictions
: Dans l'unique train électrique encore en circulation, il était pourtant
interdit de ne pas mettre ses pieds boueux sur les banquettes ... personne
n'échappe aux contradictions.
Finalement il
en avait assez vu ... retour vers le futur proche programmé, en avant
toute.
Bertrand arrivait de nouveau à Pont-de-Narsan (que maintenant il commençait
à connaître par coeur).
Il consulta sa montre, une Grollex argenté cadeau d'Eolienne, sa patronne
pour ...il préférait ne pas le dire.
16H23 !
Comme le tampax veet (pardon, comme le temps passe vite) et dans tous
les sens en votre compagnie.
Il stoppa pour laisser
passer un interminable convoi militaire ... RRRRRRRRRR ... que du lourd,
et même du super-lourd comme le tout nouveau lance-missile Mondard 2 à
têtes multiples et gland démontable, très impressionnant.
Les soldats semblaient
confiants, surtout les chefs :
" Avec tout ça, les mômes allaient dérouiller ! "
" Nous attaquerons au moment de leur émission favorite, ils seront totalement
surpris ... de toute façon, on ne peut plus rien en faire ! " nous confiait
le général Maximatos.
En regardant défiler cet arsenal roulant, Lapin.Blanc.Rapide était content
de ne pas payer ses impôts.
Et ça n'en finissait pas ... aussi long qu'un train américain.
Ce serait bientôt l'heure de la sortie des lycées.
Enfin un vrai défilé !
Super, la même journée recommençait ... s'il avait tout compris à la relativité
générale de ce monde étrange.
Il regarda sa montre, le fragile mécanisme n'avait pas résisté à ses allées
et venues temporelles, les aiguilles allaient maintenant dans les deux
sens.
Selon ses calculs démentaux, il avait ... quelques heures à tirer, ce
qui n'est pas très excitant.
Autour de
lui, on commentait l'action en cours :
" Il y a trop de jeunes, et pas assez de travail ! "
" Ce qu'il leur faut c'est une bonne guerre ! "
" De mon temps tra la la ... " |
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Bertrand voulut
intervenir :
" Egâ ruel zeiva suov dnauq suov-zeleppar ! "
Horreur, il parlait à l'envers et on le regardait bizarrement.
Il essaya de nouveau :
" Tnemitneg relrap ruel tuaf li ... " |
Ce
passionnant débat fût brusquement interrompu par la canonnade, l'horizon
se mit à rougeoyer et prit des allures de feu d'artifice ... le spectacle
son et lumière dura peu.
Quelques minutes plus tard, les piteux débris de la fière armada reffluaient
en désordre.
Manifestement tout ne s'était pas passé comme prévu.
Le général vaincu engueulait ses subordonnés comme des P.P.P*.
* P.P.P : Poisson.Particulièrement.Pourri
Tout cela piqua
la curiosité de Bertrand qui désirait en savoir plus sur cette incvincible
jeunesse, et les raisons de ces surprenants succès.
Il laissa passer la déroute et remonta la départementale qui menait au
lieu de l'affrontement.
La piste était facile à suivre jonchée qu'elle était par tous les débris
abandonnés, signes habituels d'une retraite précipitée.
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Mais ce champ de bataille
était bien particulier, silencieux, calme, propre, rien à voir avec
l' habituel chaos.
Ici pas de carcasses fumantes déchiquetées, d'épaves noircies, de
cris d'angoisse ou de terreur, hommes et matériels étaient restés
figés, inoffensifs et immobiles, comme pétrifiés.
Par endroits les tanks,
camions, canons s'étaient accumulés formant de curieuses structures
défiant l'équilibre.
Et la raison.
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Bertrand se promenait
au milieu de ces assemblages surréalistes, admirant l'étonnante diversité
de leurs formes et leur drôlerie démilitarisée.
Une vraie collection de sculptures post-modernes.
Dans le genre il avait vu bien pire, et moins drôle.
Il était justement en train de se bidonner doucement devant un de ces
monuments improvisés quand une voix derrière lui le fit sursauter (pas
sur une mine, heureusement) :
" Haut les mains ! "
Une bande d'adolescents
surgit des buissons ardents en brandissant de bizarres objets du
genre tromblon court.
" Encore un salaud d'adulte qui vient nous espionner, pétrifions*-le
comme les autres ! "
* pétrifions
: C'était donc ça leur arme secrète, le pétrificateur.
Ce petit appareil projette et vaporise en éventail un dérivé du
gel pour les cheveux hyper-puissant, un terrible fixatif synthétiquement
parfumé.
D'où la bizarre odeur de fraise qui imprégnait ce champ de non-bataille
dérangée.
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Bertrand n'en
revenait pas, la veille c'est lui qui braquait les riches miaritzoises,
aujourd'hui c'était son tour, un juste retour de manies vieilles.
" Qui a vécu par l'épée, mourira par l'épée ! " lui lança un des jeunes
qui avait lu autrefois un livre, mais restait fâché avec le futur.
" Suov ceva tse nipal el ... ecnafne ne renruoter xuev ej ! "
Difficile de s'expliquer ainsi, l'incommunicabilité était totale.
Aucune discussion ne semblant plust possible, Bertrand se demandait quelle
pose avantageuse il devrait prendre avant d'être immortalisé, figé et
fixé pour l'éternité.
Aucune discussion ne
semblait possible, le garçon se demandait quelle pose avantageuse il devrait
prendre avant d'être immortalisé et fixé pour l'éternité.
" Enoto -
gnillor a ekil ... "
Il en essaya
plusieurs à toute allure, historiques ou fantaisistes, les ados le regardaient,
perplexes.
Tout son panthéon personnel y passa :
Jean Mouldeu, Davy Croquettes
(ça il devrait connaître !), le grand Charlot, Mickey Maousse, Cochon-man,
etc ...
Mais sans les accessoires c'était difficile.
" Pose toujours, tu m'intéresses ! " ricanaient les jeunes incultes.
Bertrand mit
alors la main dans son gilet.
" Il se prend pour Napoléon, ah, ah, ah ! " (ils avaient reconnu,
bien !).
Ce fût sa seule imitation réussie, parce qu'identifiée ; en fait il
essayait surtout de gagner du temps de jeu, et de vie.
Mais on est peu patient à cet âge pas tendre ... les jeunes gens armèrent
leurs pétrificateurs, Lapin.Blanc.Rapide ferma les yeux, cherchant
à se rappeler une prière, ou une bonne blague. |
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" Arrêtez,
arrêtez ! Laissez-le, je le connais, il n'est pas dangereux, il se
prend juste pour un lapin ! " cria à cet instant une voix féminine
que Bertrand identifia aussitôt. "
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" Srala àç, yerduA*
! " inutile de dire (mais nous le ferons quand même) qu'il était content
de la revoir.
* Traduction :
" Audrey, ça alors ! "
La lycéenne semblait
avoir sur ses camarades de jeu une réelle autorité, aussi épargnèrent-ils
notre héros qui ne fût donc pas pétrifié, sinon d'angoisse.
Mieux, ils l'invitèrent à déguster quelques chamalos gluants autour de
leur feu de camp, en grattant la guitare et en chantant de nouvelles rengaines.
Le lapin essaya de chanter aussi :
" Uaesio nu emmoc nif stam-siort xuemaf nu tse'c ... "
On le prenait pour un camarade ouzbekh, c'était la bonne ambiance et cela
rappelait à Bertrand de fumeux souvenirs.
Quand il était au bataillon de Jointville, en pleine phase de pré-pétrification.
Non sans susciter une vague inquiétude : était-il encore victime de l'éternel
retour ?
Et quand cette journée circulaire finirait-elle ?
Maintenant.
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Aperçus
A Pont-de-Narsan
Ca sent le sapin
Et la sciure de mouches
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