|
" Les dragons endormis
du sud-est asiatique se réveillent et émergent d'un long sommeil
post-colonial et comme tout être vivant au sortir de l'hibernation
forcée ils ont faim et les dents longues, les artistes aussi.
Aussi à la Fondation
Gellipane nous avons décidé, sinon de les nourrir, au moins de leur
donner un espace pour se dégourdir les griffes.
Voici donc trois petits dragons de là bas, un indonésien (Java),
un thailandais (sans son frère siamois) et un vietnamien réunifié.
Sous
l'affiche de l'exposition
due au pinceau à poils ras
de Paveldavumavan,
les
trois " dragons " qui comme les fameux mousquetaires
étaient quatre à l'origine,
le cambodgien prévu et programmé s'étant enfui au moment
de la photographie de groupe,
croyant à une exécution.
|
|
|
Paveldavumavan
(Java)
Laissons donc la parole* aux artistes : " C'avest vavraimavent daves savalavauds
avicavi cavar avils mavettavent 90 % davu pravix dave vaventave daves
mavandavalavas davans laveur pavochave !" Tout le monde a beaucoup riz
maintenant.
* parole : une fois n'est
pas costume.
Portrait de
Paveldavumavan entre deux de ses épouses en costume traditionnel.
Chou-Bang
(Vietnam)
|
Vous vous souvenez de
la chanson de Brousse Springuettine qui disait " We can go to the
river", et bien, vous n'êtes pas les seuls, Chou bang la connaît
aussi, et pour cause.
Il est un " pur " produit
du métissage culturel, fruit bien défendu des amours tropicales
et tarifées de mademoiselle Chou-Chou de Hué (ouh, ouh !) et de
monsieur Bang-Bang de Dallas (pan, pan !).
Le titre de sa remarquable
installation est donc " We can go to the riziére ".
Mais attention il reste
encore des mines cachées, ce qui distraira les enfants qui s'ennuient
toujours un peu dans les musées.
Au dessus, l'installation
minée de Chou-Bang
En dessous, Saic Pitron et ses bidons multicolores
|
|
Saic
Pitron (Thailande)
Le plus jeune de la bande
des quatre asiatiques invités est le thai Saic Pitron, le plus jeune mais
pas le plus petit car il est de bonne taille.
Saic Pitron est sculpteur sur
plastique, son ensemble d'érections colorées aux formes ménagères allie
la dureté du plastique à la transparence du verre ; ce fût très remarqué
d'autant plus que l'importance des volumes empêchait de voir le reste
de l'exposition d'où des tensions avec les collègues (les artistes sont
partout les mêmes).
Son rêve serait un monde plastifié, inaltérable et réfléchissant (enfin)
d'où la décomposition et la corruption, si présentes sous ces latitudes
seraient bannies.
Mais ne craint t'il pas que
celà nuise à la florissante industrie touristique ?
" Pas du tout, répondit-il, il restera toujours les petites filles et
les petits garçons ! "
Pour que la fête soit
complète et débridée (bis), le soir du vernissage un concert de
musique exotique était organisé ; les suaves mélodies firent revenir
le cambodgien fugitif et nous pûmes l'interroger.
Nous étions contents
car des artistes au pays du matin calme, il n'en reste plus beaucoup.
Ceux qui ont survécu
ont eu la sagesse de se dire maçon, plombier ou peintre en bâtiment
(c'était déjà suspect) :
les autres ont subi le sort commun et on aurait bien du mal à reconnaître
leurs crânes* dans les tas qui jalonnent le paysage khmer.
* crânes : comme quoi
les artistes sont des hommes comme les autres et n'ont pas la tête
plus grosse.
|
|
|
Que dit-il encore Ankhor :
" Mais si Anouk Aimé achête une oeuvre, je serais dans cette mégapole
(?), pote avec tout le monde ! "
Comme quoi ça va beaucoup mieux.
Ankhor et
quelques disparus parmi tant d'autres.
|
|