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Les chevaliers doivent
faire la guerre, c'est leur fonction.
Mais ils doivent combattre
à cheval, c'est obligatoire et ceux qui n'en ont pas les moyens
doivent au moins faire semblant.
Certains ne descendent
jamais de leur destrier même pour jouer aux boules (notre document).
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Depuis tout petit ils
s'exercent dans la cour du château a développer leur force, leur
adresse et leur noble agressivité.
Alors ils chargent tout
ce qui passe à portée et quand il n'y a plus d'ennemis ils se battent
entre eux, on dit alors qu'ils tournoient.
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Les tournois finis ils
jouaient au bilboquet, les jours de pluie ; le reste du temps, ils
partaient dans la forêt profonde faire provision de viande fraîche
et d'animaux trophées.
Mais ce qu'ils préféraient,
c'était foncer
tout droit en criant " Château ! " fort, comme en Belgique.
c'est ainsi qu'ils remportèrent leurs plus grandes victoires quand
leurs adversaires avaient la mauvaise idée de rester sur leur passage.
C'est aussi comme cela
qu'ils connurent leurs plus cuisantes défaites ; comme à Zincourt
dans les Ardennes (juste à côté de Mécouille) ou les manants, enfin
révoltés, s'écartèrent d'un coup, laissant passer la charge héroïque
qui tomba dans la riviére où le poids des armures et le choc des
bâtons fit le reste.
Il ne restaient plus qu'à ouvrir les boites et extraire le contenu.
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" Ah Bernward, il ne
faut pas que l'art mure..." chantait sur sa vieille viole, Minestrone
son ministrel et hagiographe appointé.
Minestrone,
ménestrel puis ministre de la culture, quelle carrière. comme quoi,
tout est possible.
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Le soir, après la tuerie,
on se retrouve à la taverne pour discuter de coups d'épée dans l'eau
ou des coups de massue pratiqués dans les échopes locales.
" Heaume, sweet heaume
! " se lamentait Bernward de Miribel en constatant les dégâts occasionnés
à son couvre-chef par un coup de hasch (pardon, de hache) bien tassé.
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Au centre de la joyeuse tablée, le chevalier Fernand raconte ses derniers
coups de lance alentour :
" ... et pour finir, j'enfilais la vilaine, ses trois soeurs et leur
vache, puis j'allais me confesser avant d' entendre la fesse (pardon,
la messe) ... "
" Chevalier Fernand, on peut dire que vous avez la cote (de mailles,
ah, ah, ah !) " rugit le jeune Richard Coeur (de Lyon ?).
" Vraiment, l'est preux ! " conclut Peldu, l'écuyer boutonneux
en se poussant un peu.
" Et quand est-ce que l'on fait ribote ? " demandait en reluquant
la servante un chevalier anglois tout noir qui venait de traverser la
Manche pour la guerre du siècle ;
d'ailleurs à ce sujet britannique, il cherchait un petit donjon dans le
coin pour éviter les fastidieux* allers et retours.
Et ausi, parce qu'il s'ennuyait un peu chez les bourgeois de Calais.
Mais pas ici, car déjà on remplissait les chopines et la taverne retentit
jusque tard de l'écho de leurs lourdes mains gantées de fer sur la pauvre
table de bois.
* fastidieux : A la guerre,
contrairement à ce que l'on pense, ce n'est pas de tuer, piller et violer
qui est pénible, c'est de coucher dehors et de manger souvent froid (ou
mal).
Les
armoiries
Quatre checaliers
de la table carrée (c'est normal).
Une autre source fraîche indispensable
à une histoire sérieuse des seigneurs de Miribel, ce sont les sceaux,
médaillons, monnaies et armoiries qui s'amoncellent dans de vieux cartons
poussiéreux à demi-mangés par les souris qui ne respectent décidément
rien.
ARMOIRIES
DES SAIGNEURS DE MIRIBEL
L'ancêtre,
le fondateur, l'origine : Jules de la Dandinette dit " le chevesne
fou ". |
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Le fameux
Pélican, l'oiseux des isles sur le vent ; " Trois pour le prix d'un
" était sa curieuse devise.
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Les armoiries
évoluent avec le temps et surtout les circonstances, constatons-le.
Lanceleau du
Lac Déman, le ténébreux, le veuf, l'inconsolé.
Son château a brûlé,
Guemièvre, son amoureuse est partie avec le chevalier numéro 69,
sa longue lance est toute tirebouchonnée, tout ses espoirs sont vains
et de plus :
" Y va noher* dans pas longtemps ! " lui dit un serf piétiné par distraction
(ou énervement, allez savoir).
* noher : pleuvoir en vieux
français
Avant
: Le juvénile chevalier " à la foufoune "
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ARMOIRIES de Lancelot
avant et après la perte de ses illusions
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Après : l'inconsolé
toujours et encore, le soleil noir de la mélancolie comme un petit
nuage sombre au dessus de son haubert dépoli. |
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Chevalier
Fernand de Valence
" un
fameux ramoneur ! " selon les pucelles de la Drôme.
Ses exploits ne
dépassérent jamais le baldaquin de son lit, ce qui n'est déjà pas
si mal.
Les armoiries
du chevalier Fernand sont facilement reconnaissables même par un
non-spécialiste en héraldique, alors par un spécialiste ...
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AUTRES
ARMOIRIES
Autour de la table ronde*
on pouvait croiser (avec peine, à cause de l'encombrement des lances,
armures, casques et boucliers) d'autres chevaliers.
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Le chevalier Numéro 69, un spécialiste du retournement de situations
mêmes compromises. |
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Le chevalier au " Double Lion ", la duplicité personnifiée, sans aucun
doute un futur félon comme Denion de Lyon. |
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Le chevalier Latour de la Pavart-Davieu, un vieil habitué maniaco-dépressif
mais bon chrétien. |
* ronde :
Pourquoi toujours ronde ? Les tours et donjons étant circulaires, difficile
de faire autrement.
ARMOIRIES
DE CHEVALIERS GAGNANT A ETRE CONNUS
Certains chevaliers
voulaient garder l'anonymat* mais de leurs hauts faits l'écho glorieux
retentit pourtant partout dans les chaumières endfumées ; leur renom (et
leurs surnoms) nous sont donc heureusement parvenus.
* anonymat
: Car ils avaient fait voeu de pauvreté, de chasteté de privations et
d'épreuves, ils seront très largement exaucés.
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Le chevalier " aux peldunettes " ; pour les myopes, le port du casque
lourd était une vraie torture, il n'en ont que plus de mérites. |
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Un chevalier vraiment inconnu, ce pourrait être n'importe qui (à condition
d'avoir un cheval).
Et d'être de noble lignage. |
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Un atypique chevalier curieusement surnommé " le publiphobe ", il
attaquait furieusement tout les panneaux publicitaires le long des
routes boueuses. |
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