L'ennui est un sentiment diffus que l'on ne perçoit pas de suite.
Pelmarre en fit la mer (pardon, l'amère) expérience sur place, sur cet atoll corallien peldu (pardon, perdu) dans l'immensité salée.
A terre tout le monde semblait aterré, ce qui n'est pas si normal qu'on pourrait le penser.
Pourtant les conditions semblaient réunies pour assurer une vie paisible et sans histoires : poissons frais et fruits exotiques à profusion, tout était à portée de mains et il restait beaucoup de temps pour faire la sieste à l'ombre.

Le paradis terrestre et un indigène sans gêne et sans gènes car refusant la sexualité. Poissons frais, aujourd'hui : lieux communs, demain, non-lieux. Quand on s'ennuie, on finit inévitablement à parler des autres... ou par emmerder les animaux.

Mais c'était justement le problème, le temps et son insupportable continuité, la répétition du même paradisiaque rendait les habitants amorphes, comme accablés de bien-être et ils restaient sur le rivage à guetter du nouveau en baillant interminablement.

" Tristes tropiques ! " pensait Pelmarre en poussant son frêle esquif au milieu des vagues.